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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 15 из 81)

***Qu'y a-t-il, en effet, d' «admirable» dans ce mot?

LIBERTÉ

paul ELUARD a écrit cette, -pièce fameuse au cours des années d'occupation. Il
y associe une syntaxe simple et des imaées audacieuses, qui font de lui l'un des
poètes les plus remarquables d'a-près-guerre.

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom.

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom.

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Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom.

Sur la jungle et le désert

Sur les nids et sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom.

Sur les merveilles des nuits
; Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées'
J'écris ton nom.

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom.

Sur les champs sur l'horizon

Sur les ailes des oiseaux

Et sur le moulin des ombres4

J'écris ton nom.

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente"
J'écris ton nom.

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom.

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs7
Sur la vérité physique
J'écris ton nom.

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom.

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Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom.

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir8 et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom.

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom.

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni9
J'écris ton nom.

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom.

Sur la vitre des surprises10
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom.

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom.

Sur l'absence sans désirs
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom.

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenirs
J'écris ton nom.

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Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté*.

PAUL ÉLUARD. Poésie et Vérité 1942.
Примечания:

1. Юные, цветущие и верные, как жених и невеста. 2. На клочках синего неба
(которые, например, видит узник). 3. Зацветшем, покрытом ряской. 4. Тени движутся,
как крылья или колесо мельницы. 5. Безумной или кажущейся таковой из-за своего
дикого вида. 6. Пресном, безвкусном. 7. Звучания красок так же мощны, как голоса
колоколов. 8. Зеркало показывает половину яблока, словно оно разрезано пополам, и
отражает половину комнаты. 9. Пламя обладает зыбкостью и текучестью воды.
10. Окно, через которое поэт видит приход чего-то неожиданного.

Вопросы:

Pourquoi l'écrivain donne-t-il à cette pièce la forme d'une litanie? — Quelle valeur
y prend le mot final?

UNE CHRÉTIENTÉ EN MARCHE

georges BERNANOS n'a pas toujours ménagé ses sarcasmes aux «illusions»
républicaines et démocratiques de ses compatriotes. Mais il a su aussi,
notamment dans sa célèbre Lettre aux Anglais, écrite pendant la dernière
guerre, montrer que l'histoire de France révélait, à côté d'apparentes
faiblesses, déplus réelles et plus profondes vertus.

Nous sommes une chrétienté en marche, et voilà ce que le monde ne
veut pas admettre parce qu'il court plus vite que nous, seulement ce n'est
pas vers le même but. Nous sommes une chrétienté en marche, et nous
savons très bien, en dépit de ce que nous disent les flatteurs et de nos
propres vantardises, que ce n'est pas du tout une marche triomphale,
derrière la fanfare. Pourquoi ne nous juge-t-on pas sur notre histoire? Notre
histoire est une longue patience, aucun peuple n'a fait plus patiemment son
destin, rassemblé plus patiemment sa terre, réparé plus patiemment ses
erreurs ou ses folies. Nous sommes une race paysanne, une race ouvrière,
qui travaille à pleins bras les six jours de la semaine, mais on ne nous

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regarde que le septième, lorsque, en habits du dimanche, le verre plein et le
cœur content, nous faisons danser les filles. Nous sommes une chrétienté
en marche vers le royaume de Dieu, mais qui ne s'en va pas là-bas les
mains vides. Nous n'aurions pas inventé d'aller si loin alors qu'on a déjà
tant à faire chez soi, mais puisqu'il paraît que le bon Dieu nous a choisis
pour apporter la liberté, l'égalité, la fraternité1 à tous ces peuples dont nous
ne savons même pas exactement la place sur l'atlas, eh bien, nous allons
nous mettre à l'ouvrage, nous allons sauver le monde, à condition, bien
entendu, de sauver avec lui nos champs, nos maisons, nos bestiaux, et la
petite rente aussi que nous avons chez le notaire. Nous sommes une
chrétienté en marche, mais elle march.e à pied, traînant derrière elle un
encombrant équipage parce que son petit bien lui est cher et qu'elle ne veut
rien laisser en chemin. Nous sommes une chrétienté en marche vers un
royaume d'égalité, de liberté, de fraternité, auquel nous avons parfois du
mal à croire, parce que nous ne croyons volontiers qu'à ce que nous
voyons, et nous ne l'avons jamais vu. Alors, mon Dieu, nous n'allons pas
trop vite, rien ne presse, il faut ménager ses souliers, les ressemelages
coûtent si cher!.. Oh! sans doute, il y a parmi nous de hardis garçons qui
galopent le long de la colonne, rient aux filles et, toujours riant, se cassent
le cou. Nous les aimons bien, nous en sommes fiers, nous reconnaissons en
eux bien des traits de notre nature, une part de nous-mêmes qui se réveille
chaque fois que nous avons bu un verre de trop; mais, s'ils montent bien
à cheval, ils n'arrivent pas à l'étape avant nous, et ils ont fait au cours des
siècles mille bêtises éclatantes, que nous avons dû réparer obscurément,
jour après jour. C'est eux qui se sont fait battre à Azincourr, à Crécy . c'est
eux qui ont dépensé jadis beaucoup de notre argent pour conquérir le
royaume de Naples4, parce que les filles de ce pays leur semblaient belles;
et ils ne nous ont rapporté de là-bas que des dettes (...). Ils courent très vite
à l'ennemi, seulement il leur arrive de revenir aussi vite qu'ils étaient partis.
A cause d'eux, notre histoire paraît frivole, et il n'en est pas pourtant de
plus grave, et de plus tendre, de plus humaine. A cause d'eux, de leurs
caracolades en avant ou en arrière, on s'imagine que nous n'avançons pas,
et quand ils accourent vers nous en désordre, on se figure que nous avons
reculé. C'est vrai que nous marchons lentement, mais si nous nous arrêtions
tout à coup, le monde s'en apercevrait sûrement, le cœur du inonde
fléchirait*.GEORGES BERNANOS. Lettre aux Anglais (J942).
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Примечания:

1. Республиканский девиз, упоминаемый здесь с некоторой иронией. 2. Битва в
Столетней войне (1415), во время которой французские рыцари были наголову разби-
ты англичанами. 3. Еще одна битва Столетней войны (1346), проигранная француза-
ми. 4. Неаполитанское королевство было завоевано в 1493 г. французским королем
Карлом VIII(1470 - 1498), однако вскоре он был вынужден оставить его, так как про-
тив него поднялась вся Италия. 5. Полуповороты вправо и влево, которые всадник
заставляет делать лошадь, чтобы показать свое мастерство.

Вопросы:

* Expliquez cette belle formule. Vous paraît-elle exacte?


IV. Французы

Франция, не имеющая замкнутых естественных границ, неодно-
кратно подвергалась нашествиям; слишком много народов прошло по
ее земле, чтобы можно было говорить о какой-то однородности ее на-
селения. К тому же за последние двадцать-тридцать лет увеличилась
иммиграция, появилось много иностранцев — итальянцев, поляков,
бельгийцев, испанцев, -— и это еще более усилило разнообразие насе-
ления и в расовом, и в духовном отношении.

Действительно, что общего между светловолосым гигантом, кото-
рого нередко можно увидеть в Эльзасе или во Фландрии, и невысо-
ким, смуглым, сухощавым человеком, каких часто встречаешь в Бре-
тани или на средиземноморском побережье? И если гасконец слывет
по натуре открытым, большим говоруном, склонным к высокопарно-
сти, то нормандца характеризует любовь к определенности и обду-
манным действиям; если провансальцы, как правило, экспансивны, то
бретонцы и овернцы скрытны и замкнуты.

Тем не менее всему миру ясно, что существует некий особый — в
физическом и духовном смысле — не похожий ни на какой другой
тип человека, именуемою французом. Пожалуй, безболезненней всего
его удастся определить при помощи сравнений. Как правило, француз
не столь высокоросл, как немец или славянин; он не обладает такой
же физической силой, и виды спорта, в которых он блистает, требуют
скорей ловкости и быстроты реакции, нежели силы. По характеру он
не настолько серьезен, как немец, не так флегматичен, как англо-сакс.
уступает в методичности американцу, не столь пылок, как испанец; он
как бы не втискивается во все эти классификации, хотя, надо при-
знать, склонен к легкомыслию, в котором его частенько упрекают. Но
в этом легкомыслии надобно видеть, пожалуй, некое проявление кри-
тического чувства, которое не так-то легко провести и которое даже
при самых тяжелых испытаниях остается чутким к комической (или
трагикомической) стороне событий. И потом, не есть ли это проявле-
ние стыдливости, заставляющей посмеиваться над собой и своими
бедами?,,

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CONTRADICTIONS FRANÇAISES

L,e Français est réputé -pour son esprit de logique, ce rationalisme que
Descartes semble avoir défini une fois pour toutes. Et pourtant, que de
contradictions en lui si nous examinons de près son comportement quotidien
pour dénombrer tous les traits de caractère, toutes les actions qui font de lui le
plus paradoxal des êtres!

Comment définir ces gens qui passent leurs dimanches à se proclamer
républicains et leur semaine à adorer la Reine d'Angleterre, qui se disent
modestes, mais parlent toujours de détenir les flambeaux de la civilisation,
qui font du bon sens un de leurs principaux articles d'exportation, mais en
conservent si peu chez eux qu'ils renversent leurs gouvernements à peine
debout; qui placent la France dans leur cœur, mais leurs fortunes
à l'étranger (...), qui adorent entendre leurs chansonniers tourner en
dérision les culottes de peau1 mais auxquels le moindre coup de clairon
donne une jambe martiale; qui détestent que l'on critique leurs travers, mais
ne cessent de les dénigrer eux-mêmes; qui se disent amoureux des lignes,
mais nourrissent une affectueuse inclination pour la tour Eiffel; qui
admirent chez les Anglais l'ignorance du «système D»2, mais se croiraient
ridicules s'ils déclaraient au fisc le montant exact de leurs revenus; qui se
gaussent des histoires écossaises, mais essaient volontiers d'obtenir un
prix inférieur au chiffre marqué; qui s'en réfèrent complaisamment à leur
Histoire, mais ne veulent surtout plus d'histoires4; qui détestent franchir
une frontière sans passer en fraude un petit quelque chose, mais répugnent
à n'être pas en règle; qui tiennent avant tout à s'affirmer comme des gens
«auxquels on ne la fait pas»5, mais s'empressent d'élire un député pourvu
qu'il leur promette la lune; qui disent: «En avril, ne te découvre pas d'un
fil», mais arrêtent tout chauffage le 31 mars; qui chantent la grâce de leur
campagne, mais lui font les pires injures meulières , qui ont un respect
marqué pour les tribunaux, mais ne s'adressent aux avocats que pour mieux
savoir comment tourner la loi; enfin, qui sont sous le charme lorsqu'un de
leurs grands hommes leur parie de leur grandeur, de leur grande mission
civilisatrice, de leur grand pays, de leurs grandes traditions, mais dont le
rêve est de se retirer après une bonne petite vie, dans un petit coin
tranquille, sur un petit bout de terre à eux, avec une petite femme qui, se
contentant de petites robes pas chères, leur mitonnera7 de bons petits plats
et saura à l'occasion recevoir gentiment les amis pour faire une petite
belote8*?