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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 28 из 81)

// avait votre port, vos yeux, votre langage...

Nous y sommes en plein! «Votre port», c'est sa prestance, sa démarche,
sa haute taille. Ce qui fait que lorsqu'une femme voit arriver un homme de
loin, elle dit: c'est Lui! Et son cœur bat. «Vos yeux.» Les femmes aiment
beaucoup les yeux des hommes. Mais il n'y a que les plus amoureuses qui
le leur disent. «Votre langage.» Les femmes aiment beaucoup la voix des
hommes. Elle les trouble. Surtout les voix chaudes du Midi. On s'en rend
compte à la Radio...

L'inspecteur général avait pris des notes.

«Très bien!.. Très bien!..» répétait-il en hochant la tête.

Quelques heures après ma classe, il me reçut dans le bureau du
proviseur10. Comme je frappais à la porte, celui-ci sortit et m'adressa le plus
gracieux sourire. L'inspecteur m'accueillit avec chaleur.

«Eh bien, mais c'est excellent! dit-il. Voilà exactement ce que je veux.
Trop de professeurs tuent toutes ces choses par leur formalisme. Il faut les
ressusciter. Par l'allusion à l'actualité, les quiproquos", les plaisanteries
même. Les classes ne sont pas des cimetières, mais des sources bouillantes
de vie.» Il me félicita d'avoir fait brûler l'amour dans Phèdre.

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«Cette pièce est un brasier. Il ne faut pas l'éteindre. Tant pis si elle met
le feu au lycée***!»

PAULGUTH. Le Naïf aux quarante enfants (1954).
Примечания:

1. "Федра", действие II, явление 5. 2. Уловку, хитрость (разг.). 3. Нижний слой
солнечной атмосферы. Ученик использует слово, которое услышал от учителя астро-
номии. 4. Забавный анахронизм: 14 июля является во Франции национальным празд-
ником. 5. Отсылка к следующей строке, в которой одно или несколько слов связаны с
предшествующей. 6. Мужчина, бегающий за женщинами, ловелас. 7. Pronom neutre:
reprend l'idée de la phrase précédente. 8. Звуковая организация стиха, заключающаяся в
повторении одной и той же согласной. 9. Втайне, скрытно. 10. Директора лицея.
11. Квипрокво: комическая ситуация, при которой одно принимается за другое, пута-
ница (лат.).

Вопросы:

** Faites la part de ce qu'il y a de juste et de ce qu'il y a de fantaisiste dans ces
explications.

** Que pensez-vous de ce commentaire sur l'alii ération? N'est-il pas un peu subtil "Et
n'y sent-on pas soit une discrète
parodie, soit une maladresse de l'élève qui répète, à sa
manière, la leçon du professeur?

*** Partagez-vous l'enthousiasme de l'inspecteur? Essayez, de votre côté, de faire
une explication du même passage.

L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE

Soucieux de préserver, dans tous les domaines, la fart de l'esprit, les Français
associent, four l'éducation des jeunes travailleurs manuels, les exercices
professionnels et la culture générale. C'est, à leurs yeux, une condition
essentielle de la libération de l'homme, comme en témoigne le texte ci-dessous,
dû à la plume de M. ALBERT BUISSON, directeur général dt l'Enseignement
technique.

La division du travail et les exigences actuelles de la production -
constituent parfois, pour le développement intellectuel de l'ouvrier
moderne, une lourde menace; pourtant, elles n'ôtent pas l'espoir. Si la
spécialisation agit pour l'accélération du travail dans le même sens que la
machine, il est heureusement possible de conserver à l'Enseignement
technique des moyens de développer les aptitudes de l'homme. Même
à l'atelier, l'intelligence est sollicitée par les problèmes que posent toute

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construction, toute transformation. Il serait étonnant, il serait décevant que
l'homme vive et produise sans comprendre, parmi un outillage merveilleux.
L'Enseignement technique intervient pour exciter la curiosité des élèves,
pour les rendre attentifs, observateurs, pour les convaincre, par des faits,
que les explications fournies au tableau noir dans les enseignements
théoriques trouvent dans le domaine pratique les applications les plus
diverses.

L'atelier ainsi considéré n'est pas un centre de pure pratique, mais une
véritable «classe» où l'esprit de l'enfant s'enrichit d'un grand nombre de
connaissances utiles dans l'immédiat et infiniment précieuses pour sa vie
d'homme. Car celui qui aura ajouté à l'acquisition d'une spécialité des
connaissances plus générales, sera prêt à modifier rapidement son travail,
si les circonstances l'exigent. A l'aise dans le présent, il disposera d'une
réserve de moyens propres à assurer son avenir.

Qu'il soit indispensable d'associer l'enseignement général et l'enseigne-
ment pratique, de pénétrer celui-ci par celui-là, il n'est actuellement
personne qui le conteste. Certains, qui n'envisagent que les fins utilitaires
de l'Enseignement technique, rejoignent sur ce point ceux que préoccupent
davantage la condition de l'homme d'aujourd'hui et les exigences de notre
idéal de civilisation. Car, d'une part, la culture intellectuelle est un puissane
auxiliaire pour les travaux pratiques et, d'autre part, la spécialité de la
profession est heureusement compensée par la généralité de l'éducation
Certes, les travaux pratiques, exigeant un horaire important, réduisent la
part faite à l'enseignement général dispensé dans sa forme classique, et
s'opposent ainsi à son développement. Mais il n'est pas d'autre lutte entre
eux que celle de l'horaire. On ne s'étonnera donc pas que les élèves de
l'Enseignement technique, quittant leurs ateliers ou leurs salles de
mécanographie, viennent s'asseoir dans une classe de lettres ou dans un
amphithéâtre scientifique. Et l'on ne sera pas davantage surpris par les
résultats fort honorables qu'ils obtiennent. La forme concrète de certains de
leurs travaux contribue à donner à leur pensée de la précision et de la
netteté. Une expérience déjà longue nous apprend que nos élèves
apprécient, comme leurs camarades d'autres enseignements, la beauté d'un
texte, la justesse ou la force d'une expression, la vigueur d'un
raisonnement, qu'ils sont sensibles à la grâce, à l'harmonie d'un tableau de-
qualité, et capables enfin d'apprécier un beau spectacle.

Ainsi, l'Enseignement technique s'efforce d'atteindre l'homme tout
entier et de développer l'ensemble de ses aptitudes. Il est travail des mains,
appliqué à des activités utiles, indispensables à notre vie nationale; il est

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effort technique, qui donne un sens au geste professionnel, qui dresse des
plans, qui ordonne des projets; il est acquisition d'idées, enrichissement de
l'esprit, formation du caractère; il est, en somme, préparation à la vie
professionnelle d'un homme qui voudra toujours abaisser les barrières,
étendre les horizons*.

A. BUISSON. L'Enseignement technique (1954).
Вопросы
:

* Commentez ce texte, au point de vue des traditions éducatives françaises, et par
comparaison avec ce que vous connaissez d'autres pays.

L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE

On peut bien affirmer que l'ambition secrète de toute famille française est de
voir au moins l'un des siens forcer les portes de l'École Polytechnique. C'est
assez dire le prestige d'une institution destinée, en principe, à former des
officiers d'artillerie ou du génie, mais dont les élèves les plus brillants (ils
constituent ce qu'on appelle «la botte») sont destinés à devenir les ingénieurs
en chef de tous les services civils les plus importants: Mines, Ponts et Chaus-
sées, Chemins de Fer, Constructions navales, etc.

Dans la lettre qu 'on trouvera ci-dessous, un jeune Polytechnicien, fraîchement
promu, décrit à ses parents la vie qu'il mène à l'École.

Paris, le 23 octobre 195...

Mon cher Papa, ma chère Maman,

Me voici donc depuis près d'un mois à l'Х1et je me suis très bien
adapté. La vie est bien plus agréable qu'en pension et surtout qu'en taupe2.

Je suppose que vous désirez connaître le genre de vie que je mène. Rien
de plus démonstratif que de vous résumer une de mes journées.

La sonnerie du réveil3 est à six heures trente. A sept heures moins cinq,
quand j'en ai le courage, j'enfile une capote4 sur mon pyjama et je descends
prendre un jus5 au réfectoire ou bien je poursuis mon sommeil interrompu
par le cuivre6 intempestif, jusqu'à sept heures vingt-huit. A sept heures
trente, en effet a lieu l'appel en salle. Reste alors la question du petit
déjeuner. Qu'à cela ne tienne. Il existe un lieu providentiel à l'Ecole, à la
fois club, restaurant, bar (sans alcool), qui propose de saines distractions
(ping-pong, billard) et qui s'appelle précisément «Pitaine Billard»7. On y
boit un café estimable, on y trouve un assortiment de gâteaux assez varié.
Bref, juché sur un haut tabouret, je remplace, à mes frais bien sûr, le jus de

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l'Astra*: l'Administration, qui n'a qu'un défaut, celui d'être trop matinal.

A neuf heures trente, je vais docilement en amphithéâtre9, ouïr et
m'instruire pour la Patrie, la Science et la Gloire10.

A onze heures moins le quart, je cours acheter un morceau de pain et du
chocolat (au Pitaine Billard, bien entendu) et je retourne à l'amphithéâtre, à
moins que le programme ne me propose une autre activité intellectuelle ou
physique. A midi trente: magnan (repas) copieux et bon, mais bien trop vite
avalé. Mon Dieu, que nous allons vite! Le Bib" nous a fait la leçon: «Gare
à l'ulcère polytechnicien de la cinquantaine. Il commence à l'Х, par vos
rnagnans au lancé-pierre»12. Ensuite, temps libre, puis étude en salle.
Petites classes. Sport à dix-neuf heures trente, magnan, puis étude, enfin
dodo13.

Je travaille régulièrement et je compte sortir de l'Хdans un rang
honorable. D'ailleurs, je te l'ai dit, si je trouve une place dans l'industrie
privée, mon rang de sortie n'a plus aucune importance, puisque j'ai le droit
de démissionner.14

Quant à toi, ma chère maman, ne t'inquiète pas, je n'ai besoin de rien, ni
de colis de vivres, ni de chandails, ni d'autres pièces vestimentaires. Je vais
une fois par semaine chez mon oncle Joseph, soit le dimanche, soit le
mercredi. Je vais aussi chez le père ou l'oncle de Jean de Fontenac qui
sont très gentils pour moi. A bientôt. (Noël16 approche vite!)

Je vous embrasse affectueusement,

MICHEL.

p.- s. — Demain mercredi, premier B. D. A. (Bal des Antiques").
Grand événement. On s'y ennuie, paraît-il, et il faut une certaine dextérité
pour se dépêtrer des bras tentaculaires des filles d'Antiques18 (disent les
anciens). Rassurez-vous, je demeure cornéliennement19 maître de mes
sentiments*.

JEAN PAULHAC. Les Bons Élèves (1955).

Примечания:

1. Политехническая школа на жаргоне ее студентов. 2. На школьном жаргоне:
подготовительные курсы, готовящие к экзаменам в технические учебные заведения. 3
Политехническая школа —военное учебное заведение, сигналом к побудке в ней слу-
жит горн. 4. Солдатская шинель. 5. Чашка кофе (солдатский жаргон). 6. Медный горн.
7. Кантина, столовая в казармах (солдатский .жаргон)., Pitaine est une abréviation
familière pour capitaine. 8. Аббревиатура студенческого жаргона: l'Administration
9. Учебная аудитория. 10. Девиз Политехнической школы. 11. Сокращение от слова
toubib, означающего на военном жаргоне врача. 12. Наспех.. On dit plus couramment.

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en français familier: manger avec un lancé-pierre. 13. Лечь в постель, баю-бай. 14. На
освобождение от армии (по окончании Политехнической школы выпускник теорети-
чески должен был прослужить шесть лет в армии). 15. Политехник, друг Мишеля.
16. На Рождество у студентов бывают десятидневные каникулы. 17. "Ископаемые" —
прозвище старых выпускников школы. 18. Существует мнение, что "Ископаемые"
стремятся выдать своих дочерей за молодых выпускников-политехников. 19. По-
корнелевски. Автор письма иронически намекает на то, что герои Корнеля умели
обуздывать свои чувства, управлять ими.

Вопросы:

*Sur quelio'a. l'auteur de celte lettre parle-t-il de son existence à Polytechnique? Ce ton
vous paraît-il
sincère ou affecté? — Que faut-il penser du système des grandes écoles, si
nombreuses dans l'enseignement français?

MONSIEUR BERGSON
AU COLLÈGE DE FRANCE

Fondé en 1530 par François Ier, le Collège de France apparaît comme une
des institutions les plus vénérables de notre pays. A l'origine, seuls le latin, le
grec et l'hébreu y étaient enseignés. Mais peu à peu toutes les branches du
savoir humain y furent représentées.

Si les cours du Collège de France sont ouverts à tous, en général ils n 'attirent
pas les foules. D'au l'ironie à peine feinte, avec laquelle JÉRÔME Et JEAN
THARAUD décrivent l'engouement de ce public de snobs qui se pressaient aux
conférences, pourtant austères, du célèbre philosophe Henri Bergson.