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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 63 из 81)

Вопросы:

* Déterminez les éléments à la fois pittoresques et réalistes contenus dans cette page.
Montrez que la
bonne humeur n'en est pas exclue.

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ALFRED DE MUSSET (1810-1857)

après l'échec de La Nuit vénitienne (1830), MUSSET, alors tout juste âge de
vingt ans, tourna le dos à la scène. Il n'en continua -pas moins d'écrire de;,
pièces, soit en les rassemblant sous le titre un peu désabusé de Spectacle dans
un Fauteuil (1832), soit en les publiant dans la Revue des Deux Mondes ou Le
Constitutionnel, mais sans penser, semble-t-il, qu'elles pussent être un jour
représentées. Or, par un curieux paradoxe, de tout le ttléâtre'romantique, c'est
celui de Musset qui est resté le plus vivant et qui, aujourd'hui encore, est joué
le plus volontiers.

C'est que l'écrivain, plutôt que de prétendre réaliser d'ambitieuses formule:,,
écoutait la voix de son cœur. Un cœur déchiré, écartelé entre un pessimisme
foncier et une ironie prompte à découvrir le ridicule des choses. Dans nombre
de ses pièces, Musset s'est d'ailleurs dédoublé sous la forme d'un héros dévoré
de tristesse, tel qu'est Fantasia, et d'un personnage de franc bon sens, tel qu'est
son ami Spark...

FANTASIO(1834)
SPARK. — Tu me fais l'effet d'être revenu de tout.

FANTASIO. — Ah ! pour être revenu de tout, mon ami, il faut être allé
dans bien des endroits.

SPARK. — Eh bien, donc?

FANTASIO. — Eh bien, donc! où veux-tu 'que j'aille? Regarde cette
vieille ville enfumée; il n'y a pas de places, de rues, de ruelles où je n'aie
traîné ces talons usés, pas de maisons où je ne sache quelle est la fille ou la
vieille femme dont la tête stupide se dessine éternellement à la fenêtre; je
ne saurais faire un pas sans marcher sur mes pas d'hier; eh bien, mon cher
ami, cette ville n'est rien auprès de ma cervelle. Tous les recoins m'en sont
cent fois plus connus; toutes les rues, tous les trous de mon imagination
sont cent fois plus fatigués; je m'y suis promené en cent fois plus de sens,
dans cette cervelle délabrée, moi son seul habitant! Je m'y suis grisé dans
tous les cabarets; je m'y suis roulé comme un roi absolu dans un carrosse'
doré; j'y ai trotté en bon bourgeois sur une mule pacifique, et je n'ose
seulement pas y entrer comme un voleur, une lanterne sourde à la main.

SPARK. — Je ne comprends rien à ce travail perpétuel sur toi-même.
Moi, quand je fume, par exemple, ma pensée se fait fumée de tabac; quand
je bois, elle se fait vin d'Espagne ou bière de Flandre; quand je baise la

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main de ma maîtresse, elle entre par le bout de ses doigts effilés pour se
répandre dans tout son être sur des courants électriques; il me faut le
parfum d'une fleur pour me distraire, et de tout ce que renferme
l'universelle nature, le plus chétif objet suffit pour me changer en abeille et
me faire voltiger ça et là avec un plaisir toujours nouveau.

FANTASIO. — Tranchons le mot2 tu es capable de pêcher à la ligne?
SPARK. — Si cela m'amuse, je suis capable de tout.
FANTASIO. — Même de prendre la lune avec les dents ?
SPARK. — Cela ne m'amuserait pas.

FANTASIO. — Ah, ah! qu'en sais-tu? Prendre la lune avec les dents n'est
pas à dédaigner. Allons jouer au trente et quarante4.

SPARK. — Non, en vérité.

FANTASIO. — Pourquoi?

SPARK. — Parce que nous perdrions notre argent.

FANTASIO. — Ah! mon Dieu! qu'est-ce que tu vas imaginer là! Tu ne
sais quoi inventer pour te torturer l'esprit. Tu vois donc tout en noir,
misérable? Perdre notre argent! Tu n'as donc dans le cœur ni foi en Dieu, ni
espérance? Tu es donc un athée épouvantable, capable de me dessécher le
cœur et de me désabuser de tout, moi qui suis plein de sève et de jeunesse?

(Il se met à danser.)

SPARK. — En vérité, il y a de certains moments où je ne jurerais pas que
tu n'es pas rou*.

Acte I, se. II.

Примечания:

1. То есть пьесы, которые читают, сидя в кресле 2. Поговорим откровенно.
3. Даже на невозможное? 4. Карточнаяигра.

Вопросы:

* Cherchez dans la vie et l'oeuvre de Musset ce qui y rappelle Fantasio et ce qui y
rappelle Spark.

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HENRY BECQUE (1837-1899)

DES auteurs dramatiques de la fin du XIXesiècle, HENRY BECQUE, à qui l'on
doifLes Corbeaux (1882) et La Parisienne (1885) est sans doute le plus
moderne. Renonçant aux artifices (ou, comme on dit, aux «ficelles») du métier,
chers à tant de ses contemporains, il compte avant tout sur son sens de
l'observation psychologique et sur la simplicité nue de son dialogue pour
émouvoir le spectateur.

LES CORBEAUX (1882)

La famille Vigneron vivait heureuse, quand le père, industriel aisé, est mort brusquement
Du jour au lendemain la situation a changé: les hommes d'affaires, pareils à des «corbeaux»,
se sont arraché les biens de Mme Vigneron et de ses filles. C'est alors que l'une d'elles, Marie.
se voit proposer d'épouser Teissier, l'ancien associé de son peYe, qui est vieux, mais riche, et,
par là, capable de tirer d'embarras la mère et les sœurs de la leune fille.

BOURDON1

...Vous avez entendu, mademoiselle, ce que je viens de dire à votre
mère. Faites-moi autant de questions que vous voudrez, mais abordons,
n'est-ce pas, la seule qui soit véritablement importante, la question d'argent.
Je vous écoute.

MARIE
Non, parlez vous-même.

BOURDON
Je suis ici pour vous entendre et pour vous conseiller.

MARIE
II me serait pénible de m'appesantir là-dessus.

BOURDON, souriant.

Bah! vous désirez peut-être savoir quelle est exactement, à un sou près,
la fortune de M. Teissier?

MARIE
Je la trouve suffisante, sans la connaître.

BOURDON

Vous avez raison. Teissier est riche, très riche, plus riche, le sournois"
qu'il n'en convient lui-même. Allez donc, mademoiselle, je vous attends.

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MARIE

M. Teissier vous a fait part sans doute de ses intentions?

BOURDON
Oui, mais je voudrais connaître aussi les vôtres. Il est toujours

intéressant pour nous de voir se débattre les parties3.

MARIE

N'augmentez pas mon embarras. Si ce mariage doit se faire, j'aimerais
mieux en courir la chance plutôt que de poser des conditions.

BOURDON, souriant toujours.

Vraiment! (Marie le regarde fixement.) Je ne mets pas en doute vos
scrupules, mademoiselle; quand on veut bien nous en montrer, nous
sommes tenus de les croire sincères. Teissier se doute bien cependant que
vous ne l'épouserez pas pour ses beaux yeux. Il est donc tout disposé déjà à
vous constituer un douaire4; mais ce douaire, je m'empresse de vous le dire,
ne suffirait pas. Vous faites un marché, n'est-il pas vrai, ou bien, si ce mot
vous blesse, vous faites une spéculation; elle doit porter tous ses fruits. Il
est donc juste, et c'est ce qui arrivera, que Teissier, en vous épousant, vous
reconnaisse commune en biens5, ce qui veut dire que la moitié de sa
fortune, sans rétractation6 et sans contestation possibles, vous reviendra
après sa mort. Vous n'aurez plus que des vœux à faire pour ne pas l'attendre
trop longtemps*. (Se retournant vers Mme Vigneron.) Vous avez entendu,
madame, ce que je viens de dire à votre fille?

MADAME VIGNERON
J'ai entendu.

BOURDON
Que pensez-vous?

MADAME VIGNERON

Je pense, monsieur Bourdon, si vous voulez le savoir, que plutôt que de
promettre à ma fille la fortune de M. Teissier, vous auriez mieux fait de lui
conserver celle de son père.

BOURDON

Vous ne sortez pas de là, vous, madame. (Revenant à Marie.) Eh bien!
mademoiselle, vous connaissez maintenant les avantages immenses qui
vous seraient réservés dans un avenir très prochain; je cherche ce que vous

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pourriez opposer encore, je ne le trouve pas. Quelques objections de
sentiment peut-être? Je parle, n'est-ce pas, à une jeune fille raisonnable,
bien élevée, qui n'a pas de papillons7 dans la tête. Vous devez savoir que
l'amour n'existe pas; je ne l'ai jamais rencontré pour ma part. Il n'y a que
des affaires en ce monde; le mariage en est une comme toutes les autres;
celle qui se présente aujourd'hui pour vous, vous ne la retrouveriez pas une
seconde fois.

MARIE

M. Teissier, dans les conversations qu'il a eues avec vous, a-t-il parlé de
ma famille?

BOURDON
De votre famille? Non. (Bas.) Est-ce qu'elle exigerait quelque chose?

MARIE
M. Teissier doit savoir que jamais je ne consentirais à me séparer d'elle

BOURDON

Pourquoi vous en séparerait-il? Vos sœurs sont charmantes, madame
votre mère est une personne très agréable. Teissier a tout intérêt d'ailleurs
à ne pas laisser sans entourage une jeune femme qui aura bien des
moments inoccupés. Préparez-vous, mademoiselle, à ce qui me reste à vous
dire. Teissier m'a accompagné jusqu'ici; il est en bas, il attend une réponse
qui doit être cette fois définitive; vous risqueriez vous-même en la
différant. C'est donc un oui ou un non que je vous demande.

Silence.

MADAME VIGNERON

En voilà assez, monsieur Bourdon. J'ai bien voulu que vous appreniez
à ma fille les propositions qui lui étaient faites, mais si elle doit les
accepter, ça la regarde, je n'entends pas que ce soit par surprise, dans un
moment de faiblesse ou d'émotion. Au surplus, je me réserve, vous devez
bien le penser, d'avoir un entretien avec elle où je lui dirai de ces choses
qui seraient déplacées en votre présence, mais qu'une mère, seule avec son
enfant, peut et doit lui apprendre dans certains cas. Je n'ai pas, je vous
l'avoue, une fille de vingt ans, pleine de cœur et pleine de santé, pour la
donner à un vieillard.

BOURDON
A qui la donnerez-vous? On dirait, madame, à vous entendre, que vous

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avez des gendres plein vos poches et que vos filles n'auront que l'embarras
du choix. Pourquoi le mariage8 de l'une d'elles, mariage qui paraissait bien
conclu, celui-là, a-t-il manqué? Faute d'argent. C'est qu'en effet, madame,
faute d'argent, les jeunes filles restent jeunes filles.

MADAME VIGNERON

Vous vous trompez. Je n'avais rien et mon mari non plus. Il m'a épousée
cependant et nous avons été très heureux.

BOURDON

Vous avez eu quatre enfants, c'est vrai. Si votre mari, madame, était
encore de ce monde, il serait pour la première fois peut-être en désaccord
avec vous. C'est avec effroi qu'il envisagerait la situation de ses filles,
situation, quoi que vous en pensiez, difficile et périlleuse. Il estimerait à
son prix la proposition de M. Teissier, imparfaite, sans doute, mais plus
qu'acceptable, rassurante pour le présent (regardant Marie), éblouissante
pour l'avenir. On ne risque rien, je le sais, en faisant parler les morts, mais
le père de mademoiselle, avec un cœur excellent comme le vôtre, avait de
plus l'expérience qui vous fait défaut. Il connaissait la vie; sa pensée
aujourd'hui serait celle-ci: j'ai vécu pour ma famille, je suis mort pour elle,
ma fille peut bien lui sacrifier quelques années.

MARIE, les larmes aux yeux.
Dites à M. Teissier que j'accepte*.

Acte IV, se. VI.

Примечания:

1. Нотариус семьи Виньерон и одновременно эмиссар Тесье. 2. Замкнутый, скрыт-
ный человек. В устах персонажа эта характеристика звучит достаточно лукаво. 3. Тя-
жущиеся стороны в судебном процессе 4. Вклад, который муж делает в пользу жены
на тот случай, если он умрет раньше ее 5 Имеется в виду брак, заключенный на ос-
нове общности имущества, когда половина его принадлежит мужу, а вторая половина
— жене 6. То есть без необходимости возвращать его по условиям брачного контрак-
та. 7. Образное выражение, соответствующее русскому "тараканы в голове". 8. Свадь-
ба Бланш не состоялась по настоянию матери жениха

Вопросы:

* Comment s'exprime, dans cette scène, le cynisme du personnagaf

** Étudiez les divers arguments employés par Bourdon pour parvenir à setfîps-

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PAUL CLAUDEL (1868-1954)

il serait vain de vouloir dissocier en PAUL CLAUDEL le poète et le dramaturge.
Tous les deux expriment une même vision de l'univers: une vision catholique^
au sens total du terme, c'est-à-dire à la fois cosmique et chrétienne.
De toutes les pièces où s'exprime cette fusion de la terre et du Ciel, du visible et
de l'immatériel, il en est peu où, plus que dans Partage de Midi, brûle la haute
poésie claudélienne.

PARTAGE DE MIDI (1905)
Amalric et Ysé, après une séparation de dix ans, se retrouvent sur le font d'un paquebot
au milieu de l'océan Indien. Tous les deux évoquent alors le passé.

AMALRIC

Et cependant, Ysé, Ysé, Ysé.

Cette grande matinée éclatante quand nous nous sommes rencontrés!
Ysé, ce froid dimanche éclatant, à dix heures sur la mer!

Quel vent féroce il faisait dans le grand soleil! Comme cela sifflait et
cinglait, et comme le dur mistral1 hersait2 l'eau cassée.

Toute la mer levée sur elle-même, tapante, claquante, ruante dans le
soleil, détalant dans la tempête!

C'est hier sous le clair de lune, dans le plus profond de la nuit

Qu'enfin, engagés dans le détroit de Sicile, ceux qui se réveillaient, se
v redressant, effaçant la vapeur sur le hublot1,