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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 66 из 81)

ALVARO.— Savez-vous ce que c'est que la pureté? Le savez-vous?
(Soulevant le manteau de l'Ordre sus-pendu au mur au-dessous du
crucifix:) Regardez notre manteau de l'Ordre: il est blanc et pur comme la
neige au-dehors. L'épée rouge est brodée à l'emplacement du cœur, comme
si elle était teinte du sang de ce cœur. Cela veut dire que la pureté, à la fin,
est toujours blessée, toujours tuée, qu'elle reçoit toujours le coup de lance
que reçut le cœur de Jésus sur la croix. (7/ baise le bas du manteau. Apres
un petit temps d'hésitation, Olmeda, qui est le plus proche du manteau, en
baise lui aussi le bas.)
Oui, les valeurs nobles, à la fin, sont toujours vain-
cues; l'histoire est le récit de leurs défaites renouvelées. Seulement, il ne
faut pas que ce soit ceux mêmes qui ont pour mission de les défendre, qui
les minent. Quelque déchu qu'il soit, l'Ordre est le reliquaire6 de tout ce qui
reste encore de magnanimité et d'honnêteté en Espagne. Si vous ne croyez
pas cela, démettez-vous-en. Si nous ne sommes pas les meilleurs, nous
n'avons pas de raison d'être. Moi, mon pain est le dégoût. Dieu m'a donné à
profusion la vertu d'écœurement. Cette horreur et cette lamentation qui
sont ma vie et dont je me nourris... Mais vous, pleins d'indifférence ou
d'indulgence pour l'ignoble, vous pactisez avec lui, vous vous faites ses
complices! Hommes de terre! Chevaliers de terre*!

Acte I se. IV.
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Примечания:

1. Варгас обращается к Альваро. 2. Поднимаю, высовываю. 3. Важничать, пы-
житься. 4. Негодяи, сволочи. 5. Во время взятия Гранады испанцами. 6. Рака со свя-
тыми мощами. Здесь: священное хранилище.

Вопросы:

* En quoi consiste l'idéal chrétien aux yeux de don Alvarof Sa conception vousfaraît-

ette juste? Et, si oui, suffisante?

JEAN ANOUILH (né en 1910)

dans le théâtre d'anouilh, il n'y a qu'un thème: c'est que vivre abaisse,
dégrade, avilit. Mais ce thème unique est développé avec une telle insistance
qu'il a pu nourrir l'œuvre dramatique sans doute la plus puissante de notre
temps.

Dans Antigone Anouilh jette l'un contre l'autre deux personnages totalement
opposés: d'une part, Créon, l'homme déjà mûr, que le destin vient de porter au
trône, et qui a accepté, sans joie, mais parce qu'il le fallait, la terrible
responsabilité du pouvoir; et, lui faisant face, celle qui refuse de lui obéir,
celle qui enterra son frère malgré les ordres du roi, celle qui d'instinct et par
principe se révolte, la frêle mais farouche Antigone.

ANTIGONE (1944)

CRÉON

Un matin, je me suis réveillé roi de Thèbes1. Et Dieu sait si j'aimais
autre chose dans la vie que d'être puissant...

ANTIGONE
II fallait dire non, alors!

CRÉON

Je le pouvais. Seulement, je me suis senti tout d'un coup comme un
ouvrier qui refusait un ouvrage. Cela ne m'a pas paru honnête. J'ai dit oui.

ANTIGONE

Eh bien, tant pis pour vous! Moi, je n'ai pas dit «oui». Qu'est-ce que
vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos

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pauvres histoires? Moi, je peux dire «non» encore à tout ce que je n'aime
pas et je suis seul juge. Et vous, avec votre couronne, avec vos gardes, avec
votre attirail2, vous pouvez seulement me faire mourir, parce que vous avez
dit «oui».

CRÉON

Ecoute-moi.

ANTIGONE

Si je veux, moi, ]e peux ne pas vous écouter. Vous avez dit «oui». Je
n'ai plus rien à apprendre de vous. Pas vous. Vous êtes là à boire mes
paroles. Et si vous n'appelez pas vos gardes, c'est pour m'écouter jusqu'au
bout.

CRÉON
Tu m'amuses!

ANTIGONE

Non. Je vous fais peur. C'est pour cela que vous essayez de me sauver.
Ce serait tout de même plus commode de garder une petite Antigone
vivante et muette dans ce palais. Vous êtes trop sensible pour faire un bon1
tyran*, voilà tout. Mais vous allez me faire mourir tout de même tout
à l'heure, vous le savez, et c'est pour cela que vous avez peur. C'est laid un
homme qui a peur.

CRÉON

(Sourdement). Eh bien, oui, j'ai peur d'être obligé de te faire tuer si tu
t'obstines. Et je ne le voudrais pas.

ANTIGONE

Moi, je ne suis pas obligée de faire ce que je ne voudrais pas! Vous
n'auriez pas voulu non plus, peut-être, refuser une tombe à mon frère4?
Dites-le donc, que vous ne l'auriez pas voulu?

CRÉON
Je te l'ai dit.

ANTIGONE

Et vous l'avez fait tout de même. Et maintenant, vous allez me faire tuer
sans le vouloir. Et c'est cela, être roi!

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CRÉON

Oui, c'est cela!

ANTIGONE

Pauvre Créon! — Avec mes ongles cassés et pleins de terre5et les bleus6
que tes gardes m'ont faits aux bras, avec ma peur qui tord le ventre, moi je
suis reine.

CRÉON

Alors, aie pitié de moi, vis. Le cadavre de ton frère qui pourrit sous mes
fenêtres, c'est assez payé pour que l'ordre règne dans Thèbes. Mon fils7
t'aime. Ne m'oblige pas à payer avec toi encore. J'ai assez payé.

ANTIGONE

Non. Vous avez dit «oui». Vous ne vous arrêterez jamais de payer
maintenant!

CRÉON

(La secoue soudain, hors de lui) Mais, bon Dieu! Essaie de comprendre
une minute, toi aussi, petite idiote! J'ai bien essayé de te comprendre, moi.
Il faut pourtant qu'il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu'il y en ait qui
mènent la barque. Cela prend l'eau de toutes parts, c'est plein de crimes, de
bêtise, de misère... Et le gouvernail est là qui ballotte. L'équipage ne veut
plus rien faire, il ne pense qu'à piller la cale8 et les officiers sont déjà en
train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec
toute la provision d'eau douée pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât
craque, et le vent siffle et les voiles vont se déchirer et toutes ces b'rutes
vont crever toutes ensemble, parce qu'elles ne pensent qu'à leur peau, à leur
précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu, alors, qu'on a le temps
de faire le raffiné, de savoir s'il faut dire «oui» ou «non», de se demander
s'il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un
homme après? On prend le bout de bois9, on redresse10 devant la montagne
d'eau, on gueule11 un ordre et on tire dans le tas12, sur le premier qui
s'avance. Dans le tas! Cela n'a pas de nom. C'est comme la vague qui vient
de s'abattre sur le pont devant vous; le vent qui vous gifle, et la chose qui
tombe dans le groupe n'a pas de nom. C'était peut-être celui qui t'avait
donné du feun en souriant la veille. Il n'a plus de nom. Et toi non plus, tu
n'as plus de nom, cramponné à la barre. Il n'y a plus que le bateau qui ait un

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nom et la tempête. Est-ce que tu le comprends, cela**?

ANTIGONE

(Secoue la tête). Je ne veux pas comprendre. C'est bon pour vous. Moi
je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire
non et pour mourir***.

Antigone.
Примечания:

1. После того как Эдип, ослепив себя, бежал из Фив, два его сына Этеокл и Поли-
ник убили друг друга в поединке. И тогда на трон взошел их дядя Креон. Традици-
онная трагедия представляет Креона тираном. Ануй, насколько позволяет трагедия
Софокла, изменил характер персонажа. 2. Пренебрежительное слово для обозначения
пышности, окружавшей царя. 3. Тираном, достойным этого имени. 4. Креон запретил
хоронить Полиника, поскольку тот поднял оружие против своей родины. 5 Антигона
руками вырыла могилу Полинику. 6. Синяками. 7. Гемон, с которым была помолвлена
Антигона. 8. Трюм корабля. 9. Разг. Румпель, кормовое весло. 10 Имеется в вид>
корабль 11. Груб. Кричишь (призывая к порядку) 12. Сознательный анахронизм
беспорядочная стрельба по толпе. 13. Дал огня (чтобы ты прикурил) — еще один соз-
нательный анахронизм.

Вопросы:

** Cette affirmation vous semble-t-elte juste, en général, et ici, en particulier?

*Étudiez le caractère du vocabulaire et du style dans cette tirade. Montrez que la
violence du ton correspond à l'effort désespéré de Créon pour persuader Antigone.

*** Expliquez l'éternelle vérité contenue dans cette formule qui est comme une réplique
de la formule mise par Sophocle dans la bouche de son Antigone:
«Je sais née pour aimer,
non pour haïr.»


XVI. Французская мысль

История французской философии начинается с гуманизма, этого
могучего движения, объявшего все сферы человеческого знания и от-
крывшего дорогу "новому времени". Именно тогда французская
мысль осознала себя и вступила на путь, который станет для нее тра-
диционным.

Небезынтересно, к примеру, отметить, что именно в эту эпоху пря-
мо-таки беспредельное восхищение Рабле античным наследием очень
скоро сменилось куда более сдержанным отношением Монтеня, обла-
давшего чрезвычайно скептическим умом, более занятым изучением с
позиций опыта теоретических представлений предшественников.
Именно тогда гуманизм, вместо того чтобы ориентировать человека
на освоение "чисто книжного" знания, обратится к углубленному
осознанию его предназначения и к достижению в определенном
смысле индивидуальной мудрости.

Это движение, подобное раскачиванию маятника, контрадикту-
арный ритм, вынуждавший французскую философию колебаться ме-
жду умозрительностью и конкретностью, между систематич-
ностью и иррациональностью, словно бы чудом проявился в практи-
чески одновременном появлении двух наиболее ярких представителей
этой философии — Декарта и Паскаля; один был математик, второй
— физик; один — логик, второй — мистик; один стремился к пости-
жению действительности посредством безошибочного "метода", вто-
рой, больше доверяя "сердцу", пытался проникнуть в тайны сверхъ-
естественного...

Этот патетический диалог, который вели два блистательных ума,
находившихся как бы на противоположных полюсах, ни в коем случае
не должен вводить нас в заблуждение. XVIIв. вообще рассудочен, и
во Франции, которую потрясали интриги вельмож, равно как и ино-
странные нашествия, и объединение которой еще не было завершено,
Разум очень скоро идентифицируется с дисциплиной — созидающей,
организующей и согласной с законом.

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В XVIIIв. слово "Разум" наполнится новым содержанием. В сочи-
нениях философов, как тогда говорили, он будет означать не столько
согласие с существующим, сколько критику; не дисциплину, но неза-
висимое исследование. Разум всегда ищет истину, но в стране, где все
общественные институты деградировали с невероятной стремитель-
ностью, разум становится бродилом свободы, которая в свой черед
приведет к победе Разума над привилегиями и несправедливостью. По
сути философы желают поставить все ценности — религиозные, по-
литические, социальные — под свой строгий контроль и создают как
бы некую диктатуру рассудка. Однако догматизм своей позиции они
уравновешивают волей к борьбе за свои идеи и за то, чтобы им было
дано практически воплотить их в жизнь. Тем самым из-за столь воин-
ственного характера их мысль вернется к сугубому дуализму, прояв-
лявшемуся уже в предшествующие столетия.

В своем оптимизме философы заходили так далеко, что самый
смелый из них, Кондорсе, даже написал нечто вроде исторического
обзора "прогресса человеческого духа". Но вследствие вполне естест-
венного противоборствующего движения, которое начал уже Дидро и
особенно продолжил Руссо, а также потрясений, вызванных револю-
цией, вера в прогресс вскоре уступила место позиции в корне проти-
воположной — романтическому пессимизму, при котором человек
чувствует себя одиноким, покинутым и не ждет иного исцеления,
кроме "неистовых бурь", если только он не стал, подобно Альфреду
де Виньи, жертвой отчаяния и не ограничивается тем, что стоически
противостоит судьбе.