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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 32 из 81)

Что останется через некоторое время от подобной концентрации
власти в руках одного человека? Сумеют ли партии, которые сейчас с
трудом пытаются сблизить свои позиции, когда-нибудь противостоять
такому положению? Как повлияет после де Голля на французскую
политику социальное и экономическое положение страны, внешние
проблемы?

Встает огромное множество вопросов, на которые сможет ответить
только будущее, так как настоящее, по правде сказать, препятствует
продуктивному их осмыслению.


DE LA SÉPARATION DES POUVOIRS

la pensée politique française est à l'image même du pays: aussi diverse que
possible. Mais c'est cette diversité qui a sans doute induit les esprits les plus
,
raisonnables à chercher une sorte de solution moyenne: c'est-à-dire une -forme

de gouvernement où l'ordre soit respecté sans jamais prendre l'aspect d'une
tyrannie ou d'une dictature.

C'est à cette revendication fondamentale que MONTESQUIEU, d'ailleurs visi-
blement influencé par l'exemple de la Constitution anglaise, semble avoir voulu
satisfaire, quand il a défini, dans son Esprit des Lois
(1748), le fameux principe
de la «séparation des pouvoirs».

Il y a dans chaque État trois sortes de pouvoir: la puissance législative
la puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens1 et la
puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil".

Par la première, le prince ou le magistrat fait des lois pour un temps ou
pour toujours, et corrige ou abroge celles qui sont faites. Par la seconde, il
fait la paix ou la guerre, envoie ou reçoit des ambassades, établit la sûreté,
prévient les invasions. Par la troisième, il punit les crimes, ou juge les
différends des particuliers. On appellera cette dernière la puissance de
juger, et l'autre simplement la puissance exécutrice de l'Etat.

La liberté politique dans un citoyen est cette tranquillité d'esprit qui
provient de l'opinion que chacun a de sa sûreté; et pour qu'on ait cette
liberté, il faut que le gouvernement soit tel qu'un citoyen ne puisse pas
craindre un autre citoyen.

Lorsque dans la même personne ou dans le même corps de magistrature,
la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n'y a point de
liberté; parce qu'on peut craindre que le même monarque ou le même sénat
ne fasse des lois tyranniques pour les exécuter tyranniquement.

Il n'y a point encore de liberté si la puissance de juger n'est pas séparée
de la puissance législative et de l'exécutrice. Si elle était jointe à la
puissance législative, le pouvoir sur la vie et la liberté des citoyens serait
arbitraire: car le juge serait législateur. Si elle était jointe à la puissance
exécutrice, ie juge pourrait avoir la force d'un oppresseur.

Tout serait perdu si le même homme ou le même corps des principaux
ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs: celui de fair
des lois, celui d'exécuter les résolutions publiques et celui de juger les
crimes ou les différends des particuliers*. (...)

La puissance de juger ne doit pas être donnée à un sénat permanent
mais exercée par des personnes tirées du corps du peuple4 dans certains

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temps de l'année, de la manière prescrite par la loi, pour former un tribunal
qui ne dure qu'autant que la nécessité le requiert.

De cette façon, la puissance de juger, si terrible parmi les hommes,
nétant attachée ni à un certain état, ni à une certaine profession, devient,
pour ainsi dire, indivisible et nulle5 On n'a point continuellement des
juges devant les yeux; et l'on craint la magistrature, et non pas les
magistrats.

Il faut même que dans les grandes accusations le criminel, concurrem-
ment avec la loi, se choisisse des juges; ou, du moins, qu'il en puisse
récuser6 un si grand nombre que ceux qui restent soient censés être de son
choix.

Les deux autres pouvoirs7 pourraient être donnés à des magistrats ou
à des corps permanents, parce qu'ils ne s'exercent sur aucun particulier,
n'étant, l'un, que la volonté générale de l'Etat, et l'autre, que l'exécution de
cette volonté générale.

Mais si les tribunaux ne doivent pas être fixes, les jugements doivent
l'être à un tel point qu'ils ne soient jamais qu'un texte précis de la loi. S'ils
étaient une opinion particulière du juge, on vivrait dans la société sans
savoir précisément les engagements que l'on y contracte.

Il faut même que les juges soient de la condition de l'accusé, ou ses
pairs, pour qu'il ne puisse pas se mettre dans l'esprit qu'il soit tombé entre
les mains de gens portés à lui faire violence**.

MONTESQUIEU. Esprit des Lois, XI, vi (1748).
Примечания:

1. Законы, регулирующие взаимоотношения между нациями (gent signifiait autrefois
nation). 2. Законы, регулирующие отношения между гражданами государства
(латинское civis). 3. Предпринимает превентивные меры против вторжений. 4. Мон-
тескье имеет в виду форму демократии, существовавшую в древних Афинах. 5. Неде-
лимой и ничьей. 6. Отвергнуть их в качестве судей. 7. Законодательная и исполни-
тельная власть.

Вопросы:

* Faites ressortir la précision avec laquelle Montesquieu définit la séparation des
Pouvoirs.

** Pourquoi l'écrivain -prend-il de si grandes précautions à l'égard de la justice et des
tribunaux? Ces précautions vousfaraissent-elles, aujourd'hui, aussi nécessaires?

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LES PARTIS POLITIQUES

L' «ÉMIENEMENT» des partis est un des traits les plus frappants de la vie,
politique française depuis au moins trente ans. Rien ne saurait le faire apparaître
avec plus de clarté qu'un tableau analytique montrant la composition (et la
complexité) d'un des derniers Parlements que la France ait élus.

Dans l'Assemblée élue le 17 juin 1951, on compte en 1954 quinze
partis, dont six principalement influents.

Le programme du Parti communiste est trop connu pour qu'il soit utile
de le rappeler. Il n'est pas superflu, en revanche, de faire quelques
distinctions entre ses électeurs. Si l'on s'en tenait aux chiffres, on pourrait
soutenir qu'un Français sur quatre est communiste. Tout dans l'atmosphère
du pays contredit cette statistique. En réalité, beaucoup votent communiste
pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le marxisme soviétique. Depuis
la Révolution, la «gauche»' exerce une attraction presque magnétique sur
une partie considérable de l'opinion. Le Parti communiste bénéficie de
cette tradition (...), Il recueille aussi les suffrages de «mécontents» qui lui
donnent leur approbation bien plus par mauvaise humeur que par
conviction. Sous ces réserves, il n'en est pas moins indéniable qu'il
représente encore une puissance effective.

Son existence pose un problème presque insoluble pour le Parti
socialiste. -Resté révolutionnaire dans ses principes, ce dernier est devenu
conservateur par son recrutement. Il a attiré de nombreux «petits
fonctionnaires» et «petits bourgeois», à qui il ne déplaît pas de paraître
«avancés»', mais qu'un bouleversement social inquiéterait. Aussi ne veut-il
pas les effrayer. Mais en sens contraire, il redoute d'être dépassé par les
surenchères communistes et de perdre la partie de sa clientèle qui est restée
fidèle aux «grands ancêtres» de 1793 61 de 1848. L'anticléricalisme lui
fournit le moyen de concilier les tendances opposées de ses électeurs. Il
s'en est fait actuellement le champion.

Ce programme n'est pas de nature à faciliter son entente avec le M.R.P
(Mouvement républicain populaire), d'obédience catholique. Entre ces
deux groupes existent cependant des affinités. Rien ne déplairait plus, en
effet, au M.R.P., que de passer pour un parti de «droite»3. Il s'assure contre
ce stigmate4 en professant en matière sociale des vues aussi «progressives»
que possible. Des nationalisations à l'échelle mobile des salaires5, toute
mesure dirigiste6 a reçu son appui.

Le R.G.R. (Rassemblement de la gauche républicaine) correspond
à peu près à l'ancien Parti radical-socialiste7. Cette nouvelle désignation est

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mieux adaptée que la précédente aux tendances d'un groupe qui n'est ni
«radical8» ni socialiste. Votent pour lui beaucoup de paysans, de «petits» et
rnême de «grands» bourgeois qui voient en lui un rempart contre les idées
nouvelles. Fortement ancré dans le pays, le R.G.R. est spécialement
représentatif du «Français moyen», dont «le cœur est à gauche et le
portefeuille à droite», suivant la définition célèbre.

Par «indépendants et modérés», il faut comprendre «droite» tradition-
nelle. Le libéralisme économique est le programme essentiel de ce groupe
qu'à certains égards on pourrait comparer aux conservateurs anglais.

Il est plus ardu de définir le R.P.F. (Rassemblement du peuple français)
et son ancienne annexe parlementaire l'U.R.A.S. (Union républicaine
d'action sociale9) qui s'efforcent, sous l'égide officielle ou officieuse du
général de Gaulle, de mettre d'accord les opinions contradictoires de leurs \
membres. Faut-il voir en eux un mouvement de «droite»? Peut-être, car une
partie de leurs effectifs se compose d'anciens partisans du maréchal Pétain.
Mais ils ont toujours contesté qu'ils fussent conservateurs et, effectivement,
leur doctrine sociale est plus proche du socialisme que du libéralisme.
Devrait-on leur donner alors une étiquette de «gauche»? Mais les
aspirations autoritaires de leur chef et le relent10 de boulangisme", sinon de
bonapartisme, qui flotte autour d'eux, prouvent que cette désignation est
aussi peu satisfaisante que la précédente. En réalité, le R.P.F. comme
l'U.R.A.S. sont des énigmes dont le mot reste à trouver.

La dernière élection présidentielle12 a mis en lumière de manière
saisissante les conséquences de l'émiettement des partis et de l'absence
d'une majorité stable. Treize tours de scrutin furent nécessaires pour qu'une
majorité de 477 voix sur 871 votants finît par se grouper sur le nom de
M. René Coty, dont la nuance «centre-droit» correspondait le mieux à
l'opinion dominante du congrès. Il faut, d'ailleurs, ajouter que la question
de l'armée européenne exerça sur le vote une influence considérable. Non
seulement elle amena un nombre important de «gaullistes» à s'allier, une
fois de plus, avec les communistes, mais encore elle fut à l'origine de vives
divergences d'opinion à l'intérieur même des partis*.

ROBERT LACOUR-GAYET. La France au XX" siècle (1954)

Примечания:

1. Левыми партиями называются те, члены которых в Национальном Собрании
cидят по левую руку от председателя Собрания. Депутаты от правых партий сидят
cправа от него. Левые партии по традиции считаются прогрессивными, передовыми,

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т.е. стремящимися к социальному прогрессу. 2. См. примечание I. 3. Считается, что
правые партии в отличие от левых не являются сторонниками социального прогресса
4. Стигмат. Здесь: позорноепятно. 5.«.Escalator clause aux États-Unis» (note de l'auteur:
de cette page). 6. Имеетсяввиду "дирижизм", государственноерегулированиеэконо-
мики. 7. Aujourd'hui reconstitué, comme une gauche du R.G.R. 8. «Au sens anglais»(note
de l'auteur). 9. «En 1952, une partie des membres du R.P.F. se détacha de la majorité el
fonda un groupe indépendant, l'A.R.S. (Action républicaine et sociale). En 1953, le général
de Gaulle prononça la dissolution, en tant que parti politique, du reste du R.P.F. qui se
reconstitua sous le nom d'U.R.A.S., puis adopta en 1954 l'étiquette de «républicain social
(R.S.)» (note de l'auteur). 10. Запашок, душок. 11. В 1886 - 1890 гг. генерал Буланжe
пытался получить пост президента республики, намереваясь установить авторитарный
режим. 12. Имеютсяввидупрезидентскиевыборы 1953 г.

Вопросы:

* Quels sont les avantages, et aussi les dangers, d'un pareil système parlementaire?

«POURQUOI JE SUIS RADICAL-
SOCIALISTE»

De tous les hommes de «gauche», le radical est aujourd'hui le moins avancé.
Mais il n'en fut -pas toujours ainsi, et les radicaux, aussi bien par leur
attachement indéfectible à la laïcité que par un programme social audacieux,
ont longtemps effrayé la droite conservatrice et cléricale. N'est-ce point de
leurs rangs, d'ailleurs, que sont sortis un Waldeck-Rousseau et un Combes, ces
hommes -politiques qui devaient réaliser la séparation del' Eglise et de!' État?
M. EDOUARD HERRIOT
(1872-1957), qui est devenu l'incarnation même de
l'idéologie radicale, souligne avec précision le caractère à la /aïs conservateur
et révolutionnaire d'un parti désireux de concilier les droits de la propriété
individuelle et les exigences du système collectiviste.

Je ne crois pas aux classes, depuis que la Révolution les a brisées en
droit et, déjà, en fait; c'est un mot commode pour la démonstration
publique, mais que la réalité dément déjà. J'admets qu'il faut travailler
à faire disparaître le salariat comme ont disparu l'esclavage et le servage.
Mais Paul Deschanel2 lui-même a écrit: «Comme on a pu passer de
l'esclavage au servage et de celui-ci au salariat, pourquoi ne passerait-on
pas du travail salarié au travail associé?» Je n'entrevois qu'à travers des
nuages un régime où toute propriété individuelle serait abolie; j'aperçois