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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 21 из 81)

Вопросы:

* Relevez les traits d'humour contenus dans cehe page.

** Etudiez la psychologie de chacun des trois personnages. Par quels procédés
l'auteur parvient-il à animer sa description?

PRÉSENTATION D'UNE «COLLECTION»

paris est peut-être le lieu du monde où l'élégance féminine atteint son plus
haut degré de raffinement. Et les noms de nos grands couturiers sont aussi
connus à l'étranger, sinon davantage, que ceux de nos plus grands artistes ou
de nos plus grands savants.

Les maisons de couture, temples de la haute mode, vivent dans un état de
fièvre permanente. Mais cette fièvre atteint son point culminant lors de la
présentation publique des nouvelles collections: autrement dit, quand les
«mannequins» viennent faire admirer à une assistance choisie les tout derniers
modèles dont on les a revêtus.

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Rue Clément-Marot', cent cinquante personnes, installées autour de la
piste, emplissaient les salons gris et or de la maison Marcel Germain. La
présentation à la presse de la collection de demi-saison venait de
commencer, en retard comme de coutume. Aristocratie de la profession, les
rédactrices en chef des grandes revues féminines étaient assises de droit au
premier rang. Derrière elles, selon une hiérarchie subtile et soigneuse,
étaient placées les chroniqueuses de mode des journaux de Paris et de
province; toutes ces dames prenaient des notes sur des calepins de
moleskine noire.

Se trouvaient là également les acheteuses des maisons américaines, et
aussi un petit nombre d'hommes — illustrateurs, peintres, décorateurs de
théâtres et fabricants de tissus — qui ne semblaient nullement gênés dans
cette volière*.

Les mannequins s'avançaient, le cœur serré de trac2 le regard
faussement détaché, avec une démarche artificielle, un nonchaloir sur
veillé" des attitudes hors d'usage, et ce sourire forcé qu'ont les trapézistes
en fin de numéro.

Une crieuse annonçait le nom des modèles. La saison précédente,
Marcel Germain avait pris, pour baptiser ses robes, la série des volcans et
des montagnes. Cette fois, il avait travaillé dans les petits gâteaux. Les
tailleurs s'appelaient «Friand», «Sablé» et «Macaron», et la robe de mariée,
en broderie anglaise, se nommait «Puits d'Amour».

Germain avait inventé aussi la teinte de la saison: le bleu «éternité».

Marcel Germain lui-même, dans un veston pervenche, au col une
cravate papillon de couleur flamme, les yeux légèrement à fleur de tête et
les cheveux blonds en toupet ondulé, se promenait dans les couloirs,
nerveux, agité, anxieux, et épiait les applaudissements comme un auteur
dramatique pendant une générale.

«Ah!., mes enfants, «Brioche» ne plaît pas... Mais si, je sais ce que je
dis, entendez donc, ce manteau est un four, disait-il à son entourage de
maquettistes et de premières vendeuses. Je le savais, on n'aurait pas dû le
passer... Et maman? Est-ce que vous apercevez maman? Est-ce que maman
n'est pas désespérée? Pauvre maman...»

Mme Germain, la mère du créateur, sage et rosé sous ses cheveux
blancs, se tenait parmi les hautes autorités américaines et distribuait de
doux sourires et de bons propos.

Le personnel supérieur s'employait à rassurer le couturier, et la
directrice commerciale, Mme Merlier, personne au beau profil et aux
cheveux sévèrement tirés en arrière, s'efforçait de lui apporter un peu de

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réconfort viril**.

Mais Germain continuait de se tordre les mains. On vivait en plein
drame. Comme toujours, il y avait des modèles qui n'étaient pas prêts à
temps. Le couturier et son état-major avaient travaillé jusqu'à 3 heures du
matin, au studio, pour rectifier des détails, et, depuis l'ouverture, les
ateliers exécutaient les dernières inspirations.

«Et «Mille-Feuilles», est-ce que «Mille-Feuilles» est descendue?
demandait Marcel Germain. Mais, voyons, c'est effroyable! Qu'est-ce que
fait l'atelier de Marguerite? «Mille-Feuilles» est le clou de la collection.
Tout tient là-dessus. Merlier4, mon petit, je vous en prie, allez voir vous-
même ce qui se passe. »

C'était la troisième personne qu'il envoyait ainsi depuis dix minutes, à la
recherche de «Mille-Feuilles».

«Si nous ne pouvons pas montrer cette robe, moi, mes enfants, je vous
annonce que je ferme la maison ce soir, déclara Germain, et je mets tout le
monde sur le pavé... Une cigarette, je voudrais une cigarette. Non, pas
celles-là, les miennes. Où sont-elles?.. Et celle-là, celle-là. Chantai, oui,
regardez-la, gémit-il en désignant un mannequin qui s'avançait dans le
grand salon, elle a oublié ses boucles d'oreilles! Je vous assure, moi, je vais
mourir***.»

MAURICE DRUON. Rendez-vous aux Enfers (1951).
Примечания:

1. В VIIIокруге Парижа между авеню Монтеня и улицей Пьера Шаррона, где
находятся наиболее известные дома моды ("от кутюр"). 2. Le trac (разг.) — страх,
волнение перед выходом на сцену, публичным выступлением. 3. С отработанной
небрежностью, непринужденностью. 4. Г-жа Мер лье.

Вопросы:

* Que signifie exactement ce mot de volière? Qu'a-t-il a la fois de juste et de piquant?

** Montrez fironie de cette épithete, et sa vérité.

*** Montrez de quelle vie est animé le curieux personnage lie Germain.

LA FARANDOLE

Nombreuses sont les fêtes où peut s'exprimer la joie populaire. Mais les plus
intéressantes sont sans doute celles où se manifeste l'âme d'une province
particulière, celles qui, en somme, appartiennent au fonds folklorique de la
nation. A cet égard, la farandole provençale peut être considérée comme ur-s
des plus typiques de l'ancienne France.

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Valmajour1 tourna sur ses talons et descendit le long de l'estrade, sa caisse
au bras, la tête droite, avec ce léger déhanchement du Provençal, ami du rythme
et de la danse. En bas, des camarades l'attendaient, lui serraient les mains. Puis
un cri retentit: «La farandole!» clameur immense, doublée par l'écho des
voûtes, descouloirs, d'où semblaient sortir l'ombre et la fraîcheur qui
envahissaient maintenant les arènes2 et rétrécissaient la zone du soleil. A
l'instant le cirque fut plein, mais plein à faire éclater ses barrières, d'une foule
villageoise, une mêlée de fichus blancs, de jupes voyantes, de rubans de velours
battant aux coiffes de dentelle, de blouses passementées, de vestes de cadis3.

Sur un roulement de tambourin, cette cohue s'aligna, se défila en
bandes, le j arrêt tendu, les mains unies. Un trille de galoubet4 fit onduler
tout le cirque.et la farandole menée par un gars de Barbentane, le pays des
danseurs fameux, se mit en marche lentement, déroulant ses anneaux,
battant ses entrechats, presque sur place, remplissant d'un bruit confus, d'un
froissement d'étoffés et d'haleines, l'énorme baie du vomitoire où peu à peu
elle s'engouffrait. Valmajour suivait d'un pas égal, solennel, repoussait en
marchant son gros tambourin du genou, et jouait plus fort à mesure que le
compact entassement de l'arène, à demi noyée déjà dans la cendre bleue du
crépuscule, se dévidait comme une bobine d'or et de soie.

«Regardez là-haut!» dit Roumestan tout à coup.

C'était la tête de la danse surgissant entre les arcs de voûte du premier étage,
pendant que le tambourinaire et les derniers farandoleurs piétinaient encore dans
le cirque. En route, la ronde s'allongeait de tous ceux que le rythme entraînait de ,
force à la suite. Qui donc parmi ces Provençaux aurait pu résister au flûtet
magique de Valmajour? Porté, lancé par des rebondissements du tambourin, on
l'entendait à la fois de tous les étages, passant les grilles et les soupiraux descellés,
dominant les exclamations de la foule. Et la farandole montait, montait, arrivait
aux galeries supérieures que le soleil bordait encore d'une lumière fauve.
L'immense défilé des danseurs bondissants et graves découpait alors sur les
hautes haies cintrée's du pourtour, dans la chaude vibration de cette fin d'après-
midi de juillet, une suite de fines silhouettes, animait sur la pierre antique un de
ces bas-reliefs comme il en court au fronton dégradé des temples*.

En bas, sur l'estrade désemplie, — car on partait et la danse prenait plus de
grandeur au-dessus des gradins vides, — le bon Numa6 demandait à sa femme,
en lui jetant un petit châle de dentelle sur les épaules pour le frais du soir:

«Est-ce beau, voyons?.. Est-ce beau?..

— Très beau», fit la Parisienne, remuée cette fois jusqu'au fond de sa

nature artiste**.

ALPHONSE DAUDET. Numa Roumestan (1881)

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Примечания:

1. Тамбурист (барабанщик, играющий на провансальском тамбурине), который
только что добился оваций и успеха. 2. Старинные арены в Арле, сохранившиеся еще
с античной эпохи. 3. Род шерстяной ткани. 4. Разновидность небольшой продольной
флейты, распространенной в Провансе. Тамбурист держит ее в одной руке, а другой
играет на тамбурине. 5. Небольшая свирель. 6. Нума Руместан, депутат от Арля, глав-
ный герой романа.

Вопросы:

* Le mouvement et le rythme de la phrase sont admirablement calqués sur ceux de la
foule. Citez quelques passages significatifs à cet égard.

** Montrez que l'auteur a voulu traduire le caractère à la fois solennel et enthousiaste,
grave et ardent de la farandole.

LA FIN D'UN TOUR DE FRANCE

Le Tour de France cycliste ne constitue -pas un épisode ordinaire de la vie
sportive française. C'est un événement d'importance véritablement nationale,
qui déplace sur les routes du pays des millions de spectateurs, auquel la presse
consacre des articles nombreux et circonstanciés, qui alerte la Radio et même,
aujourd'hui, la Télévision.

Quel que soit l'intérêt sportif d'une épreuve aussi pénible, il n'en faut pas moins
admirer le courage et l'endurance de ces «géants de la route», qui, après
avoir, pendant près d'un mois, effectué des étapes quotidiennes de deux ou trois
cents kilomètres, viennent recueillir au Parc des Princes, terme de leur course,
les acclamations d'une foule en délire.

Un nuage bas blanchit au détour de la route et roule sur nous. Nous
sommes aveuglés, suffoqués; nous démarrons à tâtons; une voiture-pilote
hurle à nos trousses comme la sirène d'un navire perdu; une autre nous
frôle et pous dépasse, dans un élan hardi et onduleux de poisson géant; un
fretin affolé de cyclistes aux lèvres terreuses, entrevus dans la poussière,
s'grippe aux ailes2 des automobiles, dérape, s'écrase.

Nous suivons, engrenés dans la course. J'ai vu passer devant nous, tout
de suite avalés par des tourbillons lourds, trois coureurs minces: dos noirs
et jaunes, chiffrés de rouge, trois êtres qu'on dirait sans visage, l'échiné en
arceau, la tête vers les genoux, sous une coiffe blanche... Ils ont disparu
trés vite, eux seuls muets dans le tumulte; leur hâte à foncer en avant, leur
sience semble les isoler de ce qui se passe ici. On ne dirait pas qu'ils

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rivalisent entre eux, mais qu'ils nous fuient et qu'ils sont le gibier de cette
escorte où se mêlent, dans la poussière opaque, des cris, des coups de
trompe, des vivats et des roulements de foudre.

Nous suivons, nourris de fin silex croquant3 les narines brûlées. Il
y a devant nous, dans le nuage, l'ombre basse et vague d'une automobile
invisible, proche pourtant à la toucher du capot; nous grimpons sur le siège
pour regarder derrière, un autre fantôme de voiture, et d'autres derrière
celui-là; on devine des bras agités, on entend des cris qui nous maudissent
et réclament le passage...

Cependant, les coureurs muets — tête modeste du cortège assourdissant —
nous ont menés jusqu'à la voie de chemin de fer, où la barrière fermée
immobilise un instant la course. Une foule claire, endimanchée, attend et
acclame; là encore, les petits hommes noirs et jaunes, chiffrés de rouge, se
faufilent par la porte des piétons, franchissent la voie, et s'éclipsent. Nous
restons parqués derrière les grilles, furieux et comme frustrés. Le nuage de
poussière, un instant abattu, me laisse voir une triple ûle d'impatientes et
puissantes voitures, couleur de route, couleur de boue — des chauffeurs
couleur de muraille et masqués, qui guettent, prêts à dépasser, d'une embardée
peut-être mortelle, le voisin de devant... A ma droite, deux hommes sont debout
dans leur voiture, tendus en gargouilles pardessus la tête de leur conducteur.
Dans la voiture de gauche, un autre, noir de graisse et d'huile, se tient à
croupetons5 «les pieds sur les coussins, et darde sur la route le regard de ses
lunettes bombées. Tous ont l'air prêts à bondir, à frapper, et l'objectif de maint
appareil photographique inquiète, braqué, comme un canon noir... Ilfait chaud,
un soleil orageux couve toute cette férocité anonyme...