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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 46 из 81)

PLUS DE MOT SÉNATEUR! PLUS DE MOT ROTURIER!..

Alors, brigand, je vins, je m'écriai: Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière?
Et sur l'Académie, aïeule et douairière,
Cachant sous ses jupons les tropes' effarés,
Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,
Je us souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge2 au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur! plus de mot roturier!
Je fis une tempête au fond de l'encrier,

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Et je mêlai, parmi les ombres débordées3

Au peuple noir des mots l'essaim blanc4 des idées;

Et je dis: Pas de mot où l'idée au vol pur

Ne puisse se poser, toute humide d'azur!

Discours affreux! — Syllepse, hypallage, litote5,

Frémirent; je montai sur la borne Aristote6,

Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.

Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,

Tous ces tigres, les Huns, les Scythes et les Daces7

N'étaient que des toutous8 auprès de mes audaces;

Je bondis hors du cercle et brisai le compas.

Je nommai le cochon par son nom; pourquoi pas?

Guichardin9 a nommé le Borgia, Tacite

Le Vitellius! Fauve, implacable, explicite10,

J'ôtai du cou du chien stupéfait son collier

D'épithètes; dans l'herbe, à l'ombre du hallier11

Je fis fraterniser la vache et la génisse,

L'une étant Margoton et l'autre Bérénice12*.

victor HUGO. Les Contemplations (1856).

Примечания:

1. Тропы (поэтические обороты, такие как метафора, гипербола, аллегория и т.п.)
2. Фригийский колпак, который носили революционеры в 1792 г. 3. Тени, вышедшие
из этого черного урагана. 4. Поэт сравнивает с толпой слова, напечатанные черным, в
то время как нематериальные идеи называет белым роем (essaim blanc). 5. Три вида
риторических фигур: силлепс (объединение неоднородных слов), гипполага (перемена
зависимости слов) и литота (преуменьшение). 6. Аристотель рассматривается здесь
как символ искусства классицизма. 7. Варварские народы (гунны, скифы, даки).
8. Ласковая, привязчивая собака (просторечное). 9. Гвиччардини (1483 - 1540) —
итальянский историк. Тацит (ок.57 - ок.117) — древнеримский историк. 10. Потому
что называет вещи своими именами. 11. Заросли кустарника (поэт.) 12. Марготон —
простонародное уменьшительное имя, чаще всего у крестьянок; Береника — имя
героини трагедии Расина. Гюго сближает их. Точно так же обстоит дело со
стилистически низким словом vache (корова) и более возвышенным (во французском
языке!) словом génisse (телка).

Вопросы:

* En quoi consiste le comique de ce texte? Montrez ce que ce comique a d'original et de
spécifiquement
hugolien ».

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LA LANGUE D'OC: FRÉDÉRIC MISTRAL

mistral (1830-1914) est le plus fameux parmi les Félibres (poètes) de
Provence. Il a milité de la façon la plus efficace pour la renaissance du
provençal littéraire en composant lui-même des chefs-d'œuvre. Son роеme
Mirèio (Mireille), qui devait inspirer l'opéra de Gounod, souleva
l'enthousiasme de Lamartine: le poète romantique retrouvait chez le poète de
langue d'oc la grandeur et l'harmonie si naturelles chez lui-même.
On lira à la page suivante un des plus fameux poèmes de Mistral: cette Coupe
sainte qu 'il dédia aux poètes catalans lorsque ceux-ci envoyèrent aux Féhbres
une coupe d'argent ciselé.

LA COUPOLA COUPE

Prouvençau, voici la coupoProvençaux, voici la coupe

Que nous vèn di Catalan:Qui nous vient des Catalans:

A-de-rèng beguen en troupoTour à tour buvons ensemble

Lou vin pur de noste plant!Le vin pur de notre cru.

Coupo santo,Coupe sainte,

E versante,Et débordante

Vuejo à plen bord,Verse à pleins bords,

Vuejo abordVerse à flots

Lis estrambordLes enthousiasmes

E l'enavans di fort!Et l'énergie des forts!

D'un vièi pople fier e libreD'un ancien peuple fier et libre

Sian bessai la finicioun;Nous sommes peut-être la fin;

E, se toumbon li Felibre,Et, si les Félibres tombent,

Toumbara nosto nacioun.Notre nation tombera.

Coupo santo, etc.Coupe sainte, etc.

D'une raço que regreioD'une race qui regerme

Sian bessai li proumié gréu;Peut-être sommes-nous les premiers jef>

Sian bessai de la patrioDe la patrie, peut-être, nous sommes

Li cepoun emai li priéu.Les piliers et les chefs.

Coupo santo, etc.Coupe sainte, etc.

Vuejo-nous lis espéranceVerse-nous les espérances

E li raive dou jouvèntEt les rêves de la jeunesse,

Dou passât la remembrançoLe souvenir du passé

E la fe dins l'an que vèn.Et la foi dans l'an qui vient.

Coupo santo, etc.Coupe sainte, etc.

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Vuejo-nous la couneissènçoVerse-nous la connaissance

Dou Verai emai dou Bèu,Du Vrai comme du Beau

E lis àuti jouïssènçoEt les hautes jouissances

Que se trufon dou toumbèuQui se rient de la tombe.

Coupo santo, etc.Coupe sainte, etc.

Vuejo-nous la PouësioVerse-nous la Poésie

pèr canta tout ço que viéu,Pour ctlanter tout ce qui vit,

Car es elo l'ambrousioCar c'est elle l'ambroisie

Que tremudo l'orne en dieuQui transforme l'homme en dieu.

Coupo santo, etc.Coupe sainte, etc.

pèr la glôri dou terraire,Pour la gloire du pays,
Vautre enfin que sias counsènt Vous, enfin, nos complices,

Catalan, de liuen, оfraire,Catalans, de loin, оfrères,

Communien toutis ensèn!Tous ensemble, communions!

Coupo santoCoupe sainte

E versantoEt débordante

Vuejo à plen bord,Verse à pleins bords,

Vuejo abordVerse à flots

Lis estrambordLes enthousiasmes

E l'enavans di fort!Et l'énergie des forts.

FRÉDÉRIC MISTRAL. Les Iles d'Or. Écrit en 1867.
(Traduction de Mistral, revue par Ch.-P. Jullianet P. Fontan.)

LES PATOIS PAYSANS

dans les campagnes, le français n'a pas évolué à la même cadence que dans
les villes. Et on y retrouve, soit dans la prononciation, soit dans l'emploi de
certains termes, des vestiges hérités des anciens dialectes: d'où une multitude
de patois qui ne varient pas seulement d'une province à l'autre, mais qui, à
l'intérieur d'une même région, présentent des différences souvent notables.
Ces patois paysans appartiennent exclusivement à la langue parlée. Cependant
de nombreux écrivains, pour donner comme une saveur de terroir à certaines
DE SUBDB de leurs œuvres, n'ont pas hésité à leur emprunter des mots, des
tournures, tel ou tel accent particulier.

LA TORINE ET LE PÈRE LELEU (parler berrichon)

En scène le père Leieu et Tonne (==Victorine), servante du père Lexandre
(= Alexandre) qui vient de mourir.

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LE PÈRE LELEU (regardant le fauteuil, sentencieux). — Tout de même!,
Ce vieux père Lexandre!.. Cré vingt-cinq1!.. Un bon homme, ma foi... Et

puis, bien corpore un homme fort ouvrier, fort avantageux en sa saison...

LA TORINE (s'essuyant les yeux avec colère, et s'éloignant un peu tltl
mannequin). — Un bon homme, ça, père Leieu? Dites un vieux serpent, оui
bien, un vieux crâpi3 plus chagnard4 qu'un touffiot de ronces! Et juste au
moment qu'il avait regret de sa chagnardise et de sa ladrerie! Tout juste au
moment qu'il me disait: «Bonne Tonne, va-t'en quérir le notaire que je te
lègue mon bien!»

LE PÈRE LELEU. — Malheur!

LA TORINE (s'asseyant près de la table). — Ah! saintes gens, me v'Ia
bien acamandée5! Quoi que je vas devenir?.. (Elle laisse crever sa
rancune) — J'ai servi treize années ce vieux couâle6 sans seulement gagner
une pistole de mes gages, et ce jourd'hui, le v'ià qui se laisse souffler autant
dire comme une chandelle, sans rien dire, vieux grigou', si bien que j'ai pas
seulement un écu de trois francs en économie... Rien de rien, la vraie
pauvreté, saintes gens! Me v'ià quasiment plus dénudée que quand je mhs
entrée à son service; et, bien pire, je suis mal regardée par toutes gens!

«Treize années que je nettoie sa bicoque, chaque jour du bon Dieu'
Treize années que je lave sa vaisselle aussi doucement que si c'était
mienne! Treize années que je trais sa vache et puis ses chieuvres8, que je
fais des fromages et des lessives! Treize années que je bine ses blettes !
Treize années que je travaille comme une perdue, quoi, comme si c'étail
mon bien à moi! Et tout ça, tout ça me glisse aux doigts comme si c'était
des pois mouillés! Tout! La maison, l'écurie, et les cent bosselées10 de riche
terre, et le ch'ti" bois de chênes, et la vigne!.. Tout, quoi, tout! .
(Sanglotant.) Faudra-t-il donc que j'aille de mon pied mendier les quignons
de pain à travers la gouille12, comme une traîne-guenille de misère de rien
du tout?.., (Elle laisse tomber sa tête dans ses mains.) Ah! saintes gens, je
suis-t-y malheureuse13*!

R. MARTIN DU GARD. Le Testament du Père Leieu (1920). Act 1
Примечания:

1. Juron intraduisible, où cré (== sacré) et vingt-cinq rappellent cet autre juron: vingt
dieux! 2.B теле, крепкий. З. Жаба. 4. Более колючий. 5. И вот я в тяжелом положении
6. Ворон. 7. Скупердяй. 8. Коз. 9. Свеклу. 10. Буасселе — мера земли, которую можно
засеять одним буассо (12,5 л) зерна. 11. Маленький. 12. По грязи. 13. Экая я горемыч-
ная!

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Вопросы:

Eu quoi consiste la truculence de ce texte? Quelle image de la mentalité paysanne
nous offre-t-ilf

L'ARGOT

«L 'ARGOT, c'est la langue des ténébreux», affirme l'auteur des Misérables. Et
il ajoute: «Ce patois étrange a de droit son compartiment dans ce grand casier
impartial où il y a place, pour le liard oxydé comme .pour la médaille d'or, et
qui est la littérature.»

Aujourd'hui où la «langue verte» est employée, plus ou moins, par toutes les
couches de la population (non, parfois, sans un certain snobisme), cette
revendication paraît beaucoup plus juste encore que du vivant de Victor Hugo.
En tout cas, elle a sollicité le talent d'EDOUARD BOURDET, qui n'a pas craint,
dans une très amusante comédie intitulée Fric-Frac (Cambriolage), démailler
son texte d'un assez grand nombre de termes d'argot.

UN CURIEUX PIQUE-NIQUE

JO (à Loulou). — Alors, on va becqueter2?

LOULOU (s'assied, se repoudre et remet son chapeau). — T'as gaffé3
ce qu'y avait sur l'menu?

JO — Des radis, de l'omelette et du veau à l'oseille. Ça conviendra à
Madame?

LOULOU. —J'aim' pas l'oseille. Jo. — T'as tort.
RENÉE (sèchement). — Marcel, ma bicyclette.

MARCEL (s'empressant). — Voilà. (Il va chercher la bicyclette, la lui
amène. )

RENÉE. —Eh bien, aidez-moi!.. Pas comme ça! De l'autre côté!
MARCEL. — Pardon. (// l'aide à se mettre en selle.)
RENÉE. — ... Marcel, vous me suivez, n'est-ce pas? (Et elle disparaît
Par la droite.)

MARCEL (enfourchant sa bicyclette). — Voilà, voilà! (Puis avec un
soupir, aux deux autres).
— Vous croyez que c'est une vie? (Il disparaît à
son tour.)

JO. — Tu parles d'une colique, une sœur comme ça!.. Qu'est-ce que j'ia

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scierais4, si j'étais à sa place!

(Puis il va chercher le tandem dans l'herbe, l'amène sur le chemin et
l'enfourche).

Allez, magne-toi5 un peu, quoi! Via qu'il est midi, moi, j'ia sauter

LOULOU (achevant de s'arranger). — Dis... tu sais c'qu'il fait, son
dab7?

JO. — L'dab à la môme8?

LOULOU. — Oui.

JO. — Non, j'sais pas.

LOULOU. — Tu y as pas d'mandé?

JO — Non.

LOULOU. — Ben, t'es pas curieux!

JO. — Et toi, tu sais, c'qu'il fait?

LOULOU (après un temps). — II est bijoutier.

JO. — Bijoutier?

LOULOU (se levant). — Oui, mon p'tit gars, bijoutier.

JO.( indifférent). Ah!

LOULOU. — C'est tout c'que tu dis?

JO. — Ben, qu'est-ce que tu veux que j'dise?

LOULOU (secouant la tête). — Ah! c'que tu peux être cave9, mon
pauv'Jo, c'est rien de l'dire! A l'émeri, que t'es bouché10!

(Enfourchant le tandem derrière Jo). — Allez, vas-y, mets les gaz'1!

(Mais Jo, réfléchissant, ne bouge pas.)

JO (se retournant à demi). — T'as une idée.

LOULOU (sans répondre). — Vas-y, j'te dis.

JO (même jeu). — C'est pour ça que t'as harponné Marcel?

LOULOU. — Ah! tout de même12?

JO (en démarrant). — Ah! bon... ben, fallait le dire, alors!

(Ils disparaissent.)*

EDOUARD BOURDET. Fric-Frac (1935)

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Примечания:

1. Лиард, мелкая монета (1 су = 4 лиарда), бывшая в обращении в старой Франции.
2. Перекусить, подзаправиться. 3. Видел, заметил 4. Я бы избавился. 5. Поторопись,
пошевелись. 6. Я хочу есть. 7 Отец 8. Отец девушки (Рене). 9 Лопух, фрайер.
10. Бестолковый, глупый, как пробка. 11. Поторапливайся. 9 Здесь: наконец-тосооб-
разил, усек?