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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 41 из 81)

Maintenant, nous sentons que nous y sommes. Nulle difficulté ne peut
nous arrêter. Inutile de nous consulter du regard: chacun ne lirait dans les
yeux de l'autre qu'une ferme détermination. Un petit détour sur la gauche,
encore quelques pas... L'arête sommitale se rapproche insensiblement.
Quelques blocs rocheux à éviter. Nous nous hissons comme nous pouvons.
Est-ce possible?..

Mais oui! Un vent brutal nous gifle.

Nous sommes... sur l'Annapurna.

8 075 mètres.

Notre cœur déborde d'une joie immense.

«Ah! les autres!., s'ils savaient*!»

Si tous savaient!

Le sommet est une crête de glace en corniche. Les précipices, de l'autre
côté, sont insondables, terrifiants. Ils plongent verticalement sous nos
pieds. Il n'en existe guère d'équivalents dans aucune autre montagne du
monde.

Des nuages flottent à mi-hauteur. Ils cachent la douce et fertile vallée de
Pokhara à 7 000 mètres en dessous. Plus haut: rien!

La mission est remplie. Mais quelque chose de beaucoup plus grand est
accompli. Que la vie sera belle maintenant!

Il est inconcevable, brusquement, de réaliser son idéal et de se réaliser
soi-même.

Je suis étreint par l'émotion. Jamais je n'ai éprouvé joie aussi grande ni
aussi pure.

Cette pierre brune, la plus haute; cette arête de glace... sont-ce là des
buts de toute une vie**? S'agit-il de la limite d'un orgueil?

«Alors, on redescend?»

Lachenal me secoue. Quelles sont ses impressions, à lui? Je ne sais.
Pense-t-il qu'il vient de réaliser une course comme dans les Alpes? Croit-il
qu'il faille redescendre comme cela, simplement?

«Une seconde, j'ai des photos à prendre.

— Active»"

Je fouille fébrilement dans mon sac, en tire l'appareil photographique,
prends le petit drapeau français qui est enfoui au fond, les fanions. Gestes

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vains sans doute, mais plus que des symboles.: ils témoignent de pensée
très affectueuses. Je noue les morceaux de toile, salis par la sueur ou le
aliments, au manche de mon piolet, la seule hampe6 à ma disposition. Puis
je règle mon appareil sur Lachenal:

«Tiens, tu veux me prendre?

— Passe... fais vite!» me dit Lachenal.

Il prend plusieurs photos, puis me rend l'appareil. Je charge en couleurs
et nous recommençons l'opération pour être certains de ramener7 des
souvenirs qui un jour nous seront chers.

«Tu n'es pas fou? me dit Lachenal. On n'a pas de temps à perdre!., faut
redescendre tout de suite***! »

MAURICE HERZOG. Annapurna premier 8000 (1951)
Примечания:

1. После восхождения обоим пришлось ампутировать отмороженные части рук и
ног. 2. Гребень, ведущий к вершине. 3 Один из нас шепотом сказал другому, как мож-
но преодолеть стену. 4. Nous ne savons trop quoi forme une seule expression signifiant,
quelque chose d'imprécis 5. Поторопись, быстрей. 6. Древкознамени. 7 Rapporter eût
été plus correct: ramener ne devrait avoir pour complément que des êtres vivants. Mais cet
emploi s'étend de plus en plus.

Вопросы:

* Pourquoi les deux hommes pensent-ils ainsi à leurs compagnons?

** Vous semble-t-il qu'un exploit d'ordre sportif puisse constituer le but de toute une vie7

*** Étudiez l'attitude du narrateur et celle de son compagnon, le guide Louis Lachenal

SAVORGNAN DE BRAZZA (1852 1905)
OU LE PÈRE DES ESCLAVES

Né à Rome en 1852, entré à l'École Navale en 1868, SAVORGNAN DE BRAZZA fur
naturalisé Français en 1874. Dès lors, il n'eut de cesse, -par des exploration^
conduites au plein cœur de l'Afrique, qu'il n'associât un nouveau territoire à w
-patrie d'adoption. C'était le Congo.

Mais la plus grande gloire de Brazza, c'est d'avoir renoncé à la conquête par /'v
armes et d'y avoir substitué des moyens purement pacifiques, prouvant ainsi que h
mot de «colonisation», retournant à son sens latin propre, pouvait et devait -—
désormais prendre une signification proprement humaine...

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La Société Historique avait, le 31 octobre 1882, invité Savorgnan de Brazza à
un
punch d'honneur. Henri Martin, au nom de la Société, accueillit le célèbre
explorateur en ces termes: «Je salue le jeune et héroïque voyageur qui nous
revient du fond de cette Afrique obscure, champ désormais ouvert à la civilisation
et à la franco. Vous venez d'ouvrir un chapitre à notre histoire coloniale.» C'est
alors que Brazza fit la réponse suivante:

Un chapitre nouveau? La vérité est que je n'en ai écrit qu'une ligne: la
première et la plus modeste.

Pourtant un grand pas est fait. Le drapeau de la France est désormais
planté au cœur de l'Afrique, comme un symbole des idées grandes et
généreuses que la France a toujours, plus que toute autre nation, contribué
à répandre. C'est l'amour de la science qui a conduit Bellot' dans les glaces
du pôle. Aujourd'hui, l'entrée de nos compatriotes en Afrique aura pour
effet d'arrêter à sa source le commerce de chair humaine: la traite des
Nègres. Car la France, en défendant ses intérêts nationaux, n'a jamais
abandonné les intérêts de la civilisation*.

Il y a cinquante ans environ, notre drapeau fut planté au Gabon. Il
y représentait dès le principe l'idée de liberté, car c'est pour fournir un port
de relâche à nos vaisseaux chargés d'empêcher la traite des Noirs, qu'on
s'était établi sur cette partie de la côte africaine. Le bruit s'est répandu vite,
et jusqu'au centre de l'Afrique, qu'il y avait sur les côtes une terre qui
rendait libres ceux qui la touchaient. Quand j'ai pénétré .dans ce pays, nos
couleurs étaient connues. On savait qu'elles étaient celles de la liberté. Les
premiers habitants de Franceville ont été des esclaves libérés. La question
de l'esclavage est une question complexe. On se trouve à chaque instant en
présence de difficultés presque insurmontables. Soutenir l'honneur d'un
pavillon qui arrache leur proie aux négriers n'est pas chose facile, quand on
ne peut pas, quand on ne veut pas employer la violence. (...)

Au début, j'ai dû acheter des hommes à prix d'argent et fort cher, selon
le cours, trois ou quatre cents francs. Je leur disais, quand ils étaient à moi,
bûche aux pieds et fourche au cou: «Toi, de quel pays es-tu? — Je suis de
l'intérieur. — Veux-tu rester avec moi ou retourner dans ton pays?» Je, leur
faisais toucher le drapeau français que j'avais hissé. Je leur disais:
«Va, maintenant tu es libre.» Ceux de ces hommes qui sont retournés, je les
ai retrouvés dans l'intérieur. Ils m'ont facilité le chemin. Ils m'ont permis de
remonter jusqu'au centre, là où il m'était possible de libérer un esclave au
Prix de quelques colliers, qui valent bien en tout dix centimes. Il était
constaté que tout esclave qui touchait le drapeau français était libre.

L'Afrique rend la guerre à qui sème la guerre; mais comme tous les

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autres pays, elle rend la paix à qui sème la paix. Ma réputation allait devant
moi, m'ouvrant la route et les cœurs. On me donnait à mon insu le beau
nom de Père des Esclaves.

Qu'est-ce, messieurs? Peu de chose. Demain nos libérés iront se faire
reprendre dans le centre si nous ne soutenons pas nos premiers efforts. Je n'ai
rien fait. J'ai seulement montré ce que l'on pouvait faire, li y a un premier
essai, un premier résultat. C'est quelque chose d'être connu dans ces régions
nouvelles sous le nom de Père des Esclaves**. N'est-ce pas l'augure de
l'influence bienfaisante qui, seule, doit être celle de notre pays...?

Cité par l'écrivain noir RENÉ MARAN in Savorgnan de Brazza (1951).

Примечания:

1. Французский мореплаватель, погибший в полярных льдах в 1853 г.
Вопросы:

* Un pays peut-il défendre à la fois ses (' intérêts nationaux » et les « intérêts de la
civilisation Répondez en vous appuyant sur des exemples historiques.
** Quel beau symbole Savorgnan de Brazza invente-t-il ici?

LE PÈRE CHARLES DE FOUCAULD

(1853-1916)

RlEN ne semblait prédestiner Charles de Foucauld, jeune élève-officier
à devenir l'un des plus grands apôtres de la foi chrétienne en Afrique.
Pourtant, après une crise religieuse qui le conduisait à se retirer à la Trappe
(1800) puis à se faire ordonner prêtre (1901), il retourna, comme
missionnaire, en terre africaine et s'enfonça en plein Sahara, pour se fixer à
Tamanrasset, dans le Hoggar, où il devait être assassiné par des pillards, alors
qu'il jouissait de la vénération de tous les indigènes.

Après un long, voyage, le P. de Foucauld a décidé de s'arrêter et de s'installer
dans cet humble village du Hoggar.

Solitude totale, impressionnante! Le peloton1 qui l'accompagnait est
reparti, A 1500 kilomètres de Béni-Abbès2 à 700 kilomètres d'In-Salah1
l'Ermite est absolument seul au milieu des indigènes, sans relation avec la
France que4 le hasard de quelque caravane, sans possibilité d'aucun secours
matériel ni spirituel. «Faire tout mon possible pour le salut des peuples

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infidèles de ces contrées, dans un oubli total de moi», écrit-il dans ses
notes le jour de son arrivée. L'oubli total de soi! Quoi de plus nécessaire
pour qui veut essayer de témoigner du Christ parmi des hommes violents,
cruels, pleins de convoitises de toutes espèces, de vrais barbares encore!
Lui, le saint, de quelles armes dispose-t-il? Il l'avoue lui-même:
uniquement de la prière et de la pénitence. C'est par son exemple qu'il
gagnera leur cœur.

Et le miracle se produit en effet. Comme àBéni-Abbès, il a construit son
ermitage avec les matériaux du pays, un petit groupe de cabanes mi-
sérables; comme à Béni-Abbès encore, il couche sur une claie de roseaux
portée par deux murets" et il mange une triste bouillie de farine d'orge et de
dattes écrasées, fade à vomir. Lever de nuit, longs offices, prières et visites
de charité: ainsi se passent ses journées. Il a parlé aux cultivateurs; il
a soigné des malades; aux femmes, il a appris à coudre avec des aiguilles
au lieu des épines dont elles se servaient. Peu à peu, on vient le voir. On lui
demande un conseil, un arbitrage, un remède. A tous il parle de Dieu, très
simplement, et on l'écoute. Le rôle admirable qu'il a joué à Béni-Abbès, en
plein cœur du Hoggar il le joue de même et avec le même bonheur*.

Neuf ans vont passer ainsi. Neuf années de silence et de travail obscur.
Peu d'incidents saillants au cœur de tant de journées de patience sainte. Le
départ de son ancien baptisé Paul, qui l'avait suivi et dont la santé
a chancelé, a failli l'empêcher de dire sa messe, mais l'autorisation est
arrivée de célébrer le Sacrifice sans servant, et le solitaire a pu continuer à
avoir sa grande consolation. Une fois, il manque de mourir d'une piqûre de
vipère à cornes (elles pullulent tant qu'il faut surélever de 70 centimètres le
seuil de l'ermitage pour leur interdire l'accès) et il a subi le terrible remède
des Touareg, la cautérisation au fer rouge de la plaie. Une autre fois
encore, la mort le frôle, car il est si épuisé par les jeûnes et les fatigues qu'il
a des défaillances: il faut que Laperrine6, prévenu, lui envoie des vivres et
l'ordre de manger.

Trois fois, pour de très brefs séjours, il revient en France, la dernière ел
amenant un jeune chef de tribu, pour qu'il puisse parler à ses compatriotes
de ce qu'il aura vu. Mais à peine débarqué, il a hâte de repartir. L'Afrique,
la fascinante Afrique, voilà son horizon, et son vrai destin est parmi ceux
qui, maintenant, l'aiment comme un des leurs (...).

Le véritable chef spirituel de ce pays7, n'est-ce pas lui, l'ermite désarmé?
De loin à la ronde, on vient le consulter. Son nom est sur toutes les lèvres,
de tente en tente, de tribu en tribu. Des conversions au Christ, en a-t-il fait?
Mais n'a-t-il pas annoncé lui-même qu'il ne serait que l'avant-garde du

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Seigneur? Il a donné son témoignage; il a appris à ces hommes qui
ignoraient tout du Christ, ce qu'est un Serviteur de Sa parole. Il suffit. Le
premier sillon est ouvert: le champ suivra**.

DAN1EL-ROPS. Les Aventuriers de Dieu (1951),
Примечания:

1. Взвод, небольшой кавалерийский отряд. 2. Бени-Аббес, деревня в Сахаре па
восточном краю Большого Эрга, где Шарль де Фуко жил долгое время. 3 Оазис
в алжирской Сахаре. 4. Sans autre relation que... 5.Он спал на плетеной из тростника
циновке, закрепленной между дв}мя невысокими стенками 6. Офицер. которому
было поручено управление сахарскими оазисами. 7. В горах Хоггар или Ахаггар

Вопросы:

* Comparez l'attitude de S. de Braiza et celle du P de Foncauld envers les indigènes
** Que signifie exactement cette métaphore?

FERDINAND DE LESSEPS (1805-1894)

II faut reconnaître à Ferdinand de Lesseps au moins deux qualités: la foi dans
l'œuvre entreprise et la ténacité pour la mener à terme. Car celui qui devait
percer tout un continent -pour réunir la Méditerranée à la mer Rouge, n'eut
pas seulement des difficultés matérielles à vaincre: son projet se heurtait
également à des adversaires qui ne lui ménagèrent pas les embûches... Mais
rien n'arrêta le père du canal de Suez: à ses yeux, cette œuvre grandiose devait
être le lien, le symbole de la fraternité humaine.

Le Khédive (ou vice-roi) Ismaïl Pacha, désireux de donner un retentissement
mondial à l'ouverture du canal de Suez, avait convié plusieurs souverains aux
cérémonies d'inauguration. C'est pour répondre à cette invitation qu'Eugénie,
femme de Napoléon III et Impératrice de France, avait gagné l'Egypte à bord d'un
yacht pompeusement baptisé «L'Aide».