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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 68 из 81)

Вопросы:

* Quel nom donnerait-on aujourd'hui à ce que Pascal appelle le cœur? — On
comparera le ion de ce passage à celui de l'extrait précédent. Après iéclosion du
romantisme franfais, la pensée religieuse trouvera un aliment chez Pascal: pourquoi?

MONTESQUIEU (1689-1755)

les «philosophes» du XVIIIe siècle, MONTESQUIEU osa, le premier, s'attaquer
à des sujets épargnés jusqu'alors: le christianisme et la royauté. Et cette

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offensive, commencée sur le ton du persiflage dans les Lettres persanes, se
poursuivit avec acharnement dans l'Esprit des Lois, monument élevé et
consacré à la défense de l'Homme...

DE L'ESCLAVAGE DES NÈGRES

Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les Nègres
esclaves, voici ce que je dirais:

Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû
mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de

terres.

Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le

produit par des esclaves.

Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête; et ils ont le
nez si écrasé, qu'il est presque impossible de les plaindre.

On ne peut pas se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage,
ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir.

On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez
les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, était d'une si grande
conséquence1, qu'ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur
tombaient entre les mains.

Une preuve que les Nègres n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils font
plus de cas d'un collier de verre que de l'or, qui, chez des nations policées,
est d'une si grande conséquence.

Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des
hommes, parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait
à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.

De petits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Africains;
car, si elle était telle qu'ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des
princes d'Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d'en faire
une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié*?

Esprit des Lois, XV, v ( 1748).
Примечания:

] Значение.

Вопросы:

* L'indignation est sensible sous le manteau de l'ironie. Quels passages vous paraissent,
à cet égard,
les plus vigoureux? — Quelle est la nouveauté de cette page, de quel courage
témoigne-t-elle, en 1748?

403


DIDEROT (1713-1784)
ET «L'ENCYCLOPÉDIE» (1751 1772)

En DIDEROT on admirela -profondeur de vues, la puissance parfois,
prophétique d'un esprit qui n'a pas fini d'exercer son action sur la pensée
d'aujourd'hui. Ce fut un prodigieux remueur d'idées. Spirituel comme Voltaire,
à l'occasion, sensible, pathétique parfois comme Rousseau, il joint à ces dons
une intelligence d'une rare souplesse et propre aux synthèses les plus hardies.
On trouvera ici un article écrit pour cette Encyclopédie, qui ne fut pas
seulement la grande affaire de la vie de Diderot, mais aussi une sorte de
machine de guerre idéologique montée pour démolir l'Ancien Régime.

AUTORITÉ POLITIQUE

Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres.
La liberté est un présent du Ciel, et chaque individu de la même espèce a le
droit d'en jouir aussitôt qu'il jouit de la raison. Si la nature a établi quelque
autorité, c'est la puissance paternelle: mais la puissance paternelle a ses
bornés; et dans l'état de nature elle finirait aussitôt que les enfants seraient
en état de se conduire. Toute autre autorité vient d'une autre origine que la
nature. Qu'on examine bien et on la fera toujours remonter à l'une de ces
deux sources: ou la force et la violence de celui qui s'en est emparé; ou le
consentement de ceux qui s'y sont soumis par un contrat fait ou supposé
entre eux et celui à qui ils ont déféré l'autorité.

La puissance qui s'acquiert par la violence n'est qu'une usurpation et ne
dure qu'autant que la force de celui qui commande l'emporte sur celle de
ceux qui obéissent; en sorte que si ces derniers deviennent à leur tour les
plus forts, et qu'ils secouent le joug1, ils le font avec autant de droit et de
justice que l'autre qui le leur avait imposé. La même loi qui a fait l'autorité
la défait alors: c'est la loi du plus fort.

Quelquefois l'autorité qui s'établit par la violence change de nature;
c'est lorsqu'elle continue et se maintient du consentement exprès2 de ceux
qu'on a soumis: mais elle rentre par là dans la seconde espèce dont je vais
parler; et celui qui se l'était arrogée devenant alors prince cesse d'être
tyran3.

La puissance qui vient du consentement des peuples suppose
nécessairement des conditions qui en rendent l'usage légitime utile à la
société, avantageux à la république4, et qui la fixent et la restreignent entre

404


des limites; car l'homme ne peut ni ne doit se donner entièrement et sans
réserve à un autre homme, parce qu'il a un maître supérieur au-dessus de
tout, à qui seul il appartient en entier. C'est Dieu dont le pouvoir est
toujours immédiat sur la créature, maître aussi jaloux qu'absolu, qui ne
perd jamais de ses droits et ne les communique point. Il permet pour le
bien commun et le maintien de la société que les hommes établissent entre
eux un ordre de subordination, qu'ils obéissent à l'un d'eux; mais il veut que
ce soit par raison et avec mesure, et non pas aveuglément et sans réserve,
afin que la créature ne s'arroge pas les droits du créateur. Toute autre
soumission est le véritable crime d'idolâtrie5. Fléchir le genou devant un
homme ou devant une image n'est qu'une cérémonie extérieure, dont le vrai
Dieu, qui demande le cœur et l'esprit, ne se soucie guère, et qu'il
abandonne à l'institution des hommes pour en faire, comme il leur
conviendra, des marques d'un culte civil et politique, ou d'un culte de
religion. Ainsi ce ne sont pas ces cérémonies en elles-iAêmes, mais l'esprit
de leur établissement qui en rend la pratique innocente ou criminelle. Un
Anglais n'a point de scrupule à servir le roi le genou en terre; le
cérémonial6 ne signifie que ce qu'on a voulu qu'il signifiât, mais livrer son
cœur, son esprit et sa conduite sans aucune réserve à la volonté et au
caprice d'une pure créature, en faire l'unique et dernier motif de ses actions,
c'est assurément un crime de lèse-majesté divine7 au premier chef8*.,

Encyclopédie.
Примечания:

1. Сбрасывают иго. 2. Ясным, недвусмысленным. 3. Слово использовано в этимо-
логическом смысле — узурпатор. 4. Государство (лат.). 5. Поклонение идолам, а не
истинному Богу. 6. Церемониал. Здесь: правила поведения при дворе. 7. Оскорбление
величества. Здесь', преступление против Божественного величия. 8. В наивысшей сте-
пени

Вопросы:

* En quoi consiste la hardiesse de cet article? Quelles critiques contient-il contre
l'Ancien Régime?405


CHATEAUBRIAND (1768 1848)

autant le XVIIf siècle avait eu foi en l'homme, autant le' romantiques se
complurent dans le doute et même le désespoir. Il parut soi dain aux jeunes
gens, dont les nerfs étaient d'ailleurs ébranlés par les événements tragiques de
la Révolution et de l'Empire, que l'univers se dérobait sous leurs pas, que la vie
ne valait plus la peine d'être vécue, en un mot, comme dit Alfred de Musset,
qu'ils étaient venus «trop tard dans un monde trop vieux».
Ce «mal du siècle», qui est, à certains égards, le mal de la jeunesse, personne
ne semble l'avoir ressenti plus profondément ni analysé avec plus de lucidité
que CHATEAUBRIAND dans son petit roman autobiographique René.

MÉLANCOLIE DE RENÉ

La solitude absolue, le spectacle de la nature me plongèrent bientôt dans
un état presque impossible à décrire. Sans parents, sans amis, pour ainsi
dire seul sur la terre, n'ayant point encore aimé, j'étais accablé d'une
surabondance de vie. Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais
couler dans mon cœur des ruisseaux d'une lave ardente; quelquefois, je
poussais des cris involontaires, et la nuit était également troublée de mes
songes et de mes veilles. Il me manquait quelque chose pour remplir
l'abîme de mon existence; je descendais dans la vallée, je m'élevais sur la
montagne, appelant de toute la force de mes désirs l'idéal objet d'une
flamme future; je l'embrassais dans les vents, je croyais l'entendre dans les
gémissements du fleuve; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans
les cieux, et le principe même de la vie dans l'univers.

Toutefois cet état de calme et de trouble, d'indigence et de richesse,
n'était pas sans quelques charmes: un jour je m'étais amusé à effeuiller une
branche de saule sur un ruisseau, et à attacher une idée à chaque feuille que
le courant entraînait. Un roi qui craint de perdre sa couronne par une
révolution subite, ne ressent pas des angoisses plus vives que les miennes
à chaque accident qui menaçait les débris de mon rameau. 0 faiblesse des
mortels! ô enfance du cœur humain, qui ne vieillit jamais! Voilà donc
à quel degré de puérilité notre superbe raison peut descendre! Et encore
est-il vrai que bien des hommes attachent leur destinée à des choses d'aussi
peu de valeur que mes feuilles de saule.

Mais comment exprimer cette foule de sensations fugitives que j'éprouvais
dans mes promenades? Les sons que rendent les passions dans le vide d'un
cœur solitaire ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre
dans le silence d'un désert: on en jouit, mais on ne peut les peindre.
406


L'automne me surprit au milieu de ces incertitudes: j'entrai avec ravis-
sement dans les mois de tempêtes. Tantôt j'aurais voulu être un de ces
guerriers1 errant au milieu des vents, des nuages et des fantômes; tantôt
j'enviais jusqu'au sort du pâtre que je voyais réchauffer ses mains à
l'humble feu de broussailles qu'il avait allumé au coin d'un bois. J'écoutais
ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays le chant
naturel de l'homme est triste, lors même qu'il exprime le bonheur. Notre
cœur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes, et où
nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux
soupirs.

Le jour, je m'égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts.
Qu'il fallait peu de chose à ma rêverie! une feuille séchée que le vent
chassait devant moi, une cabane dont la fumée s'élevait dans la cime
dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du nord sur le
tronc d'un chêne, une roche écartée, un étang désert où le jonc flétri
murmurait! Le clocher solitaire, s'élevant au loin dans la vallée, a souvent
attiré mes regards; souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui
volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats
lointains où ils se rendent; j'aurais voulu être sur leurs ailes. Un secret
instinct me tourmentait; je sentais que je n'étais moi-même qu'un voyageur;
mais une voix du ciel semblait me dire: «Homme, la saison de ta migration
n'est pas encore venue; attends que le vent de la mort se lève; alors tu
déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande».

«Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les
espaces d'une autre vie!» Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage
enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frisson,
enchanté2 tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur*.

René (1802).
Примечания:

1. Один из воинов, воспетых Оссианом, шотландским бардом IIIв., которого при-
думал Макферсон и от имени которого сочинил ''Песни Оссиана". Это была одна из
знаменитейших литературных мистификаций. 2. Очарованный, околдованный.

Вопросы:

* On comparera ce texte avec les pièces célèbres de Lamartine intitulées 1/isolement et
L'Automne. — On a dit que Chateaubriand était le dernier «enchanteur des forêts
bretonnes-». Ce texte vous fait-il sentir pourquoi!

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ERNEST RENAN (1823-1892)

avec la génération de 1848 s'éteint d'une façon assez brusque le décourage-
ment particulier à l'âge romantique. L'homme, qui s'était cru délaissé,
réprouvé, maudit, re-prend confiance, sinon en Dieu, du moins dans
/ej
progrès de sa propre connaissance. Une nouvelle foi se crée, une sorte de
religion laïque qui aboutira à l'idolâtrie du «scientisme».
ERNEST RENAN est certainement un de ceux qui ont traduit avec le plus de
profondeur cet espoir en l'Avenir de la Science.

DE L'INDIVIDU A L'HUMANITÉ

Un jour, ma mère et moi, en faisant un petit voyage à travers les sentiers

pierreux des côtes de Bretagne qui laissent à tous ceux qui les ont foulés de

si doux souvenirs, nous arrivâmes à une église de hameau, entourée, selon