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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 44 из 81)

Зато латинская морфология очень скоро претерпела серьезные из-
менения: от шести падежей осталось только два — именительный (саь
sujet) и косвенный (cas régime), т.е. дополнение. И уже в XIIв. в
французской фразе установился тот порядок слов, какому мы до сих
пор следуем и в соответствии с которым подлежащее, как правило,
стоит перед глаголом, а глагол перед дополнением. Вот так в начале
средних веков французский язык, обогащенный военной лексикой,
которую принесли завоеватели франки, установил практически окон-
чательную автономию по отношению к своему языку-прародителю.

Однако французский — или, скорее, франсъенский — был в ту
эпоху одним из многочисленных диалектов lange d'oil — языка,

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возникшего из латыни на земле Франции. И если он победил (хотя
и не без труда) соперничавшие с ним диалекты: пикардийский, нор-
манский, шампанский и др. —то лишь потому, что Иль-де-Франс, где
на нем говорили, оказался в центре политической жизни нации. К югу
от Луары процветал другой язык, также обладавший множеством диа-
лектов — lange d'ok, и он поныне жив в Провансе. Наконец, некото-
рые автохтонные языки такие как бретонский, баскский, эльзасский,
не исчезали окончательно и доказывают, что и в лингвистической об-
ласти, как и во многих других, разнообразие является одной из опре-
деляющих черт Франции.

Доказав свое преимущество, французский язык продолжал свое ве-
ликолепное развитие, которое, начиная с XVIIIв., сделало его на по-
следующие двести лет самым изысканным, самым точным языком
Европы, языком дипломатии и международных договоров. Вбирая в
себя с монаршей непринужденностью приношения других языков
(арабского в средневековье, итальянского в XVIв., испанского в XVII,
английского в XVIII), он с небывалой легкостью преодолел болезнь
роста, принесенную гуманизмом, и продолжил путь, по которому его
ведет гений народа, видящего красоту языка в точности и простоте
выражения.


LA «CHANSON DE ROLAND» (vers 1090)

ASSURÉMENT, l'ancienne langue n'a ni la richesse ni la plasticité du français
classique. Elle a pourtant permis à un clerc de doter notre littérature de son,premier chef-d'œuvre: la Chanson de Roland.

Si l'on osait même, on pourrait soutenir que la gaucherie, ou plutôt la raideur
qui la caractérise, s'accorde parfaitement aux exigences d'une épopée où ta
grandeur et la force l'emportent sur le raffinement et la nuance...

MORT DE ROLAND

ОРИГИНАЛЬНЫЙ ТЕКСТ:

Li quenz Rollant se ]'ut desuz un pin2,
Envers Espaigne en ad turnet sun vis,
De plusurs choses a remembrer li prist:
De tantes teres cum li bers cunquist,
De dulce Erance, des humes de sun lign,
De Carlemagne, sun seignor, kil nurrit;
Ne poet muer n'en plurt et ne suspirt;
Mais lui meïsme ne volt mettre en ubii,
Cleimet sa culpe, si priet Deu mercit:
«Veire Patène, ki unkes ne mentis,
Seint Lazaron de mort resurrexis

E Daniel des leons guaresis,
Guaris de mei l'anme de tuz perilz
Pur les pecchez que en ma vie us!»
Sun destre guant a Deu en puroffrit;
Seint Gabriel de sa main l'ad pris;
Desur sun braz teneit le chef enclin;
Juntes ses mains est alet a sa fin.
Deus tramist sun angle Chérubin
E seint Michel del Péril;
Ensembl'od eis sent Gabriel i vint;
L'anme del cunte portent en pareïs.

Chanson de Roland, v. 2375-2396

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Примечания:

1 "Песнь о Роланде" написана десятисложным стихом (4+10 слогов). 2 В гу
эпоху не происходило насализации гласной, стоящей перед "н". Все эта лесса (строфа
в еврофранцузских поэмах) написана на одном ассонансе — на повторе в конце каж-
дой сфоки одного и того же ударною знука (в данном случае "и"). Рифма появляется
во французской поэзии, начиная с XIIв

ПЕРЕВОДНА СОВРЕМЕННЫЙ
ФРАНЦУЗСКИЙ ЯЗЫК:

Le comte Roland s'est couché sous un pin;

Vers l'Espagne il a tourné son visage.

De plusieurs choses il se mit à se souvenir:

De tant de terres que le chevalier conquit,

De douée France, des hommes de sa famille,

De Charlemagne, son seigneur qui l'éleva;

Il ne peut s'empêcher d'en pleurer et soupirer;

Mais il ne veut pas s'oublier lui-même,

Il confesse ses fautes, il demande à Dieu pardon:

«Vrai Dieu le Père, qui jamais ne mentis,

Qui ressuscitas saint Lazare de la mort,

Et sauvas Daniel des lions,

Sauve mon âme de tous les périls,

Pour les péchés que je fis en ma vie!»

Il tendit son gant droit à Dieu;

Et saint Gabriel l'a pris dans sa main;

Sur son bras, Roland tenait sa tête inclinée;

Les mains jointes il est allé à sa fin.

Dieu envoya son ange Chérubin

Et saint Michel du Péril de la mer;

Avec eux vint saint Gabriel;

Ils portent l'âme du comte au Paradis*.

Вопросы:

* Simplicité de la forme, absence de tout «effet»: c'est une pièce émouvante, humaine.
Montrez-le.

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LA LANGUE DU XVIeSIÈCLE

Du Moyen Age au XVI ' siècle la langue a beaucoup évolué, notamment sous,
l'influence de l'Humanisme. Son vocabulaire s'est enrichi, sa syntaxe s'est à la
fois compliquée et assouplie: elle est devenue un véritable instrument
littéraire.

Aussi a-t-il semblé instructif d'en offrir un exemple, sous la forme d'une *page
de MONTAIGNE, à laquelle on a conservé son orthographe d'origine.

L'ART DE VOYAGER

Moy, qui le plus souvant voyage pour mon plaisir (...), s'il faict laid
à droicte, je prens à gauche; si je me trouve mal propre1 à monter à cheval.
je m'arreste. Et faisant ainsi, je ne voy à la vérité rien qui ne soit aussi
plaisant et commode que ma maison. Il est vray que je trouve la superfluité
tousjours superflue, et remarque de l'empeschement2 en la délicatesse
mesme et en l'abondance. Ay-je laissé quelque chose à voir derrière moy?'
J'y retourne; c'est tousjours mon chemin. Je ne trace aucune ligne certaine4,
ny droicte ny courbe. Ne trou-ve"-je point, où je vay, ce qu'on m'avoit dict?
Comme il advient souvent que les jugemens d'autruy ne s'accordent pas aux
miens, et les ay trouvez plus souvant faux, je ne plains pas6 ma peine: j'ay
apris que ce qu'on disoit n'y est point.

J'ay la complexion7 du corps libre8, et le goust commun9 autant
qu'homme du monde. La diversité des façons d'une nation à autre ne me
touche que par le plaisir de la variété. Chaque usage a sa raison. Soyent10
des assietes d'estain, de bois, de terre; bouilly ou rosty; beurre ou huyie de
nois ou d'olive; chaut ou froit. tout m'est un11; et si un que, vieillissant.
j'accuse12 cette généreuse13 faculté; et auroy besoin que la délicatesse et le
chois arrestat l'indiscrétion14 de mon appétit et par fois soulageât mon
estomac. Quand j'ay esté ailleurs qu'en France, et que, pour me faire
courtoisie, on m'a demandé si je vouloy estre servy à la Françoise, je m'en
suis mocqué et me suis tousjours jette aux tables les plus espesses
d'estrangers.

J'ay honte de voit noz hommes16 enyvrez de cette sotte humeur de
s'effaroucher des formes18 contraires aux leurs. Il leur semble estre hors de
leur élément quand ils sont hors de leur village. Où qu'ils aillent, ils se
tiennent à leurs façons et abominent19 les estrangeres. Retrouvent-ils un
compatriote en Hongrie, ils festoyent20 cette avanture: les voyià à se ralier"
et à se recoudre ensemble, à condamner tant de meurs barbares qu'ib
voient. Pourquoy non barbares, puisqu'elles ne sont françoises22? Encore

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sont-ce les plus habilles23 qui les ont recogneuës, pour en mes-dire. La plus
part ne prennent l'aller que pour le venir24. Ils voyagent couverts25 et
resserrez26 d'une prudence taciturne et incommunicable, se défendans de la
contagion d'un air incogneu.

Ce que je dis de ceux-là me ramentoit27, en chose semblable, ce que j'ay
par fois aperçeu en aucuns28 de noz jeunes courtisans. Ils ne tiennent
qu'aux hommes de leur sorte29, nous regardent comme gens de l'autre
monde, avec desdain ou pitié. Ostez leur les entretiens des mystères de la
court, ils sont hors de leur gibier30, aussi neufs31 pour nous et malhabiles
comme nous sommes à eux. On dict bien vray qu'un honneste homme, c'est

un homme mesié32.

Au rebours, je peregrine33 tressaoul34 de nos façons, non pour cercher
des Gascons en Sicile (j'en ay assez laissé au logis); je cerche des Grecs
plustost, et des Persans; j'acointe35 ceux-là, je les considère; c'est là où je
me preste36 et où je m'employé. Et qui plus est, il me semble que je n'ay
rencontré guère de manières qui ne vaillent les nostres. Je couche de peu37,
car à peine ay-je perdu mes girouettes de veuë38*.

Essais. III. De la Vanité (1588-1592).

Примечания:

1. Не расположен. 2. Принужденность. 3. В изысканности, утонченности.
4. Заранеенамеченной. 5. L'inversion a ici une valeur conditionnelle (== si je ne trouve
pas). 6. Не сожалею. 7. Темперамент. 8. Умеющий ко всему приспособиться. 9. Такой
же, как у всех. 10. Que ce soient... 11. Мне все равно, безразлично. 12. Я порицаю.
13. Показывающий здоровую натуру. 14. Невоздержанность. 15. Самых обильных.
16. Наших соотечественников. 17. Qui les pousse à. 18. Любой образ действия.
19. Питают отвращение. 20. Устраивают праздненство. 21. Собираться.
22. Ироническое замечание автора. 23. Наиученейшие. 24. Уезжают лишь затем, что-
бы возвратиться. 25. Скрытно, под покровом тайны. 26. Замкнутые в...
27. Напомнило мне. 28. Некоторых. 29. Их состояния, положения. 30. Их излюблен-
ную тему разговоров. 31. Неискушенные. 32. Разносторонний, т.е. способный общать-
ся с разными людьми и заниматься разными видами деятельности. 33. Я путешествую
по чужим странам. 34. Пресыщенный. 35. Близко схожусь, общаюсь. 36. Полностью
предаюсь. 37. Я делаю малые ставки (карточный термин). 38. Букв, не терял из виду
флюгеров своего дома, т.е. не заходил слишком далеко

Вопросы:

* Quel profit l'auteur des Essais cherche-t-il dans les voyages? Aimez-vous son
attitude?

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VAUGELAS ET LE BEAU LANGAGE

On connaît rattachement un peu pointilleux des Français à leur langue
Nombreux, par exemple, sont les journaux possédant une rubrique spécialisé?
où sont débattues les questions de correction grammaticale, d'orthographe, de
juste emploi des mots.

i Mais ce genre de discussions, fort ancien, remonte au moins jusqu'au XVI/ '
siècle, où les théoriciens du beau langage ne manquèrent pas. Le plus
important d'entre eux fut VAUGELAS, dont les Remarques sur la Langue
française (1647) prirent bientôt force de loi pour la bonne société du temps
Hostile à tous les pédantismes, MOLIÈRE sut se moquer avec esprit de cette
tyrannie dans une scène célèbre des Femmes savantes: n'y voit-on pas
Philaminte chasser de sa maison une pauvre servante, Martine, pour le simple
crime d'avoir «offensé la grammaire» et employé des termes «condamnés par
Vaugelas»
?