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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 61 из 81)

HIPPOLYTE

Dieux! qu'est-ce que j'entends? Madame, oubliez-vous
Que Thésée est mon père, et qu'il est votre époux?

PHÈDRE

Et sur quoi jugez-vous que j'en perds la mémoire,
Prince? Aurais-je perdu tout le soin de ma gloire36?

HIPPOLYTE

Madame, pardonnez. J'avoue, en rougissant,
Que j'accusais à tort un discours innocent.

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Ma honte ne peut plus soutenir votre vue;
Et je vais...

PHÈDRE

Ah! cruel, tu m'as trop entendue37.
Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur.
Hé bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur.
J'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime,
Innocente à mes yeux, je m'approuve moi-même;
Ni que du fol amour qui trouble ma raison
Ma lâche complaisance ait nourri le poison.
Objet infortuné des vengeances célestes38,
Je m'abhorre encor plus que tu ne me détestes.
Les Dieux m'en sont témoins, ces Dieux qui dans mon flanc
Ont allumé le feu fatal à tout mon sang;
Ces Dieux qui se sont fait une gloire cruelle
De séduire39 le cœur d'une faible mortelle.
Toi-même en ton esprit rappelle le passé.
C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé40;
J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine;
Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine.
De quoi m'ont profité41 mes inutiles soins?
Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins.
Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes.
J'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes.
Il suffit de tes yeux pour t'en persuader,
Si tes yeux un moment pouvaient me regarder.
Que dis-je? Cet aveu que je te viens de faire,
Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire?
Tremblante pour un fils que je n'osais trahir,
Je te venais prier de ne le point haïr.
Faibles projets d'un cœur trop plein de ce qu'il aime!
Hélas! je ne t'ai pu parler que de toi-même.
Venge-toi, punis-moi d'un odieux amour.
Digne fils du héros42 qui t'a donné le jour,
Délivre l'univers d'un monstre qui t'irrite.
La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte!
Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t'échapper.
Voilà mon cœur. C'est là que ta main doit frapper.

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Impatient déjà d'expier son offense43,
Au-devant de ton bras je le sens qui s'avance.
Frappe. Ou si tu le crois indigne de tes coups,
Si ta haine m'envie44 un supplice si doux,
Ou si45 d'un sang trop vil ta main serait trempée,
Au défaut de ton bras prête-moi ton épée***.
Donne46.

Acte II, se. V.

Примечания:

1. Кормилица и наперсница Федры. 2. Она собралась говорить с Ипполитом о сво-
ем сыне, которого родила от Тезея и за судьбу которого опасается, после того как
стало известно о смерти царя Тезея. 3. Ипполит готовится к отъезду в Афины, чтобы
занять трон, освободившийся после смерти его отца Тезея. 4 Изложить, представить.
5. Т.е. сторонники Ипполита. Они хотят видеть царем Ипполита, а не сына Федры,
который находится еще в младенческом возрасте. 6. Телесные субстанции, которые в
психологии XVIIв. считались определяющими чувства. Букв чувства. 7. Федра, маче-
ха Ипполита, опасается неприязни пасынка, изгнания которого она недавно добилась.
8. Вы видели, что я упорно вам вредить стараюсь. 9. Подвергнуть себя вашей враж-
дебности. 10. En: de vous. 11. Этот стих является непосредственной цитатой из Эври-
пида. 12. Докучные, неотвязные. 13. Брак: Слово происходит от имени бога-
покровителя брака Гименея. 14. Такие же подозрения. 15. Взять в свидетели. 16 Тре-
вога, беспокойство. 17. Возвращение Тезея. о котором действительно будет объявлено
в следующей сцене. 18. Одна из рек, протекающих в Аиде, царстве мертвых. 19. Я
изнываю от любви к нему. 20. Предметов любви (на галантном языке XVIIвека —
возлюбленных). 21. По мифу, Тезей сошел в Аид, чтобы похитить Прозерпину, жену
Плутона, владыки царства мертвых. 22. Archaïque. Nous dirions aujourd'hui: après lui.
23. Старая орфография. 24. Осанку. 25. Тезей плавал на остров Крит, где убил Мино-
тавра. 26. Миноса, царя Крита, отца Ариадны и Федры. 27. Минотавра. 28. Лабиринта.
29. Чтобы не дать ему заблудиться 30. Ариадна. Она дала Тезею клубок ниток, разма-
тывая который, он отмечал свой путь в Лабиринте и смог выйти из него, 31. Нить, от
которой зависела жизнь героя. 32. En: снабдить вашу руку этой нитью.... 33. Tout de
suite. 34. Лицо, облик. 35. В классическом значении: та, что любит и любима *36. Чес-
ти, репутации. 37. Ты слишком ясно дал мне понять. 38. Намек на месть, которой Аф-
родита преследовала семейство Федры после того, как сын бога Солнца Гелиос, пре-
док героини трагедии, сообщил Гефесту, мужу Афродиты, что она изменяет ему с
богом войны Ареем. 39. Совратить с правильного пути. 40. Федра действительно по-
требовала от Тезея изгнать Ипполита (см, начало сцены). 41. Какую пользу принесли
мне... 42. Тезея. 43. Обиду, которую это сердце тебе нанесло. 44. Отказывает. 45. Или
же, если тебе недостаточно... 46. С этими словами Федра вырывает меч из руки Иппо-
лита.

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Вопросы:

* Par quelles étapes successives Phèdre préfare-t-elle l'aveu de son arnoM?

** De quoi est faite la poésie de ce passage? On en étudiera plus particulièrement, lu
couleur mythologique.

*** Comment s'exprime la lucidité du personnage dans ce passage? Quel sentiment
l'emporte dans votre esprit: l'horreur ou la pitié?

MARIVAUX (1688-1763)

tandis que Regnard et Lesage s'efforçaient d'imiter Molière, MARIVAUX, lui,
eut le mérite de chercher un chemin qui lui fût. propre. Il s'appliqua presque
uniquement à l'étude de l'amour, mais de l'amour naissant, avec ce que cette
éclosion suppose d'émois, de surprises, de complications. Autant qu'à Racine,
il fait penser à Corneille, parfois si subtil et quasi précieux. En fait, le
marivaudage, qui désigne à la fois un style quelque peu affecté et une façon
alambiquée de concevoir l'amour, apparaît bien comme une résurgence de la
préciosité.

Mais à côté de cette sorte d'alchimie, il y a place chez Marivaux pour
desscènes vives et gaies, écrites d'une plume exquise.

LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD (1730)

Silvia et Dorante sont destinés à s'épouser. Mais curieux de se mieux connaître, ils ont,
chacun de son côté, imaginé de se travestir, elle, en servante, lui, en valet Et ils sont fort
étonnés de découvrir, lui, que la servante est bien folie, et elle, que le valet ne manque ni
d'esprit ni de distinction.

SILVIA (à part)*. — Ce garçon-ci n'est pas sot, et je ne plains pas la sou-
brette1 qui l'aura. Il va m'en conter; laissons-le dire pourvu qu'il m'instruise.

DORANTE (àpart). — Cette fille-ci m'étonne! Il n'y a point de femme au
monde à qui sa physionomie ne fît2 honneur: lions connaissance avec elle...
(Haut.) Puisque nous sommes dans le style amical, et que nous avons
abjuré les façons, dis-moi, Lisette, ta maîtresse te vaut-elle? Elle est bien
hardie d'oser avoir une femme de chambre comme toi.

SILVIA. — Bourguignon cette question-là m'annonce que, suivant la
coutume, tu arrives avec l'intention de me dire des douceurs: n'est-il pas
vrai?

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DORANTE. — Ma foi, ]'e n'étais pas venu dans ce dessein-là, je te
l'avoue. Tout valet que je suis, je n'ai jamais eu de grandes liaisons avec les.
soubrettes: je n'aime pas l'esprit domestique; mais, à ton égard, c'est une
autre affaire. Comment donc! tu me soumets, je suis presque timide: ma
familiarité n'oserait s'apprivoiser avec toi; j'ai toujours envie d'ôter mon
chapeau de dessus ma tête; et, quand je te tutoie, il me semble que je jure4,
enfin, j'ai un penchant à te traiter avec des respects qui te feraient rire.
Quelle espèce de suivante es-tu donc, avec ton air de princesse?

SILVIA. — Tiens, tout ce que tu dis avoir senti en me voyant est
précisément l'histoire de tous les valets qui m'ont vue.

DORANTE. — Ma foi, je ne serais pas surpris quand ce serait aussi
l'histoire de tous les maîtres.

SILVIA. — Le trait est joli assurément; mais je te le répète encore. Je ne
suis pas faite aux cajoleries de ceux dont la garde-robe ressemble à la
tienne.

DORANTE. — C'est-à-dire que ma parure ne te plaît pas.
silvia. — Non, Bourguignon, laissons là l'amour et soyons bons amis.
DORANTE. — Rien que cela? ton petit traité n'est composé que de deux
clauses impossibles.

SILVIA (à part). Quel homme, pour un valet! (Haut.) Il faut pourtant
qu'il s'exécute; on m'a prédit que je n'épouserais jamais qu'un homme de
condition6, et j'ai juré depuis de n'en écouter jamais d'autre.

DORANTE. — Parbleu! cela est plaisant: ce que tu as juré pour homme,
je l'ai juré pour femme, moi, j'ai fait le serment de n'aimer sérieusement
qu'une fille de condition.

silvia. — Ne fécarte donc pas de ton projet.

DORANTE. — Je ne m'en écarte peut-être pas tant que nous le croyons:
tu as l'air bien distingué; et l'on est quelquefois fille de condition sans le
savoir.

SILVIA (riant). — Ah! Ah! Ah! Je te remercierais de ton éloge si ma
mère n'en faisait pas les frais.

DORANTE. — Eh bien! venge-t'en sur la mienne, si tu me trouves assez
bonne mine pour cela.

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SILVIA (à fart). — II le mériterait. (Haut.) Mais ce n'est pas là de quoi il
est question: trêve de badinage; c'est un homme de condition qui m'est
prédit pour époux, et je n'en rabattrai rien.

DORANTE. — Parbleu! si j'étais tel, la prédiction me menacerait; j'aurais
peur de la vérifier. Je n'ai pas de foi à l'astrologie; mais j'en ai beaucoup
à ton visage.

SILVIA (à fart). — II ne tarit point... (Haut.) Finiras-tu? Que t'importe la
prédiction, puisqu'elle t'exclut?

DORANTE. — Elle n'a pas prédit que je ne t'aimerais point.

SILVIA. — Non: mais elle a dit que tu ne gagnerais rien; et moi, je te le
confirme.

DORANTE. — Tu fais fort bien, Lisette; cette fierté-là te va à merveille;
et, quoiqu'elle me fasse mon procès, je suis pourtant bien aise de te la voir;
je te l'ai souhaitée d'abord que7 je t'ai vue: il te fallait encore cette grâce-là;
et je me console d'y perdre parce que tu y gagnes.

SILVIA (à fart). — Mais, en vérité, voilà un garçon qui me surprend,
malgré que j'en aie8(Haut.) Dis-moi: qui es-tu, toi qui me parles ainsi?

DORANTE. — Le fils d'honnêtes gens qui n'étaient pas riches.

SILVIA. — Va, je te souhaite de bon cœur une meilleure situation que la
tienne, et je voudrais pouvoir y contribuer: la fortune a tort avec toi.

DORANTE. — Ma foi! l'amour a plus de tort qu'elle: j'aimerais mieux
qu'il me fût permis de te demander ton cœur que d'avoir tous les biens du
monde.

silvia (à part). — Nous voilà, grâce au Ciel, en conversation réglée9.
(Haut.) Bourguignon, je ne saurais me fâcher des discours que tu me tiens;
mais, je t'en prie, changeons d'entretien; venons à ton maître. Tu peux te
passer de me parier d'amour, je pense.

DORANTE. — Tu pourrais bien te passer de m'en faire sentir, toi.

SILVIA. — Ah! je me fâcherai; tu m'impatientes. Encore une fois, laisse
là ton amour.

DORANTE. — Quitte dont ta figure.

SILVIA (à part). — A la fin, je crois qu'il m'amuse... (Haut.) Eh bieh!

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Sour-guignon, tu ne veux donc pas finir? Faudra-t-il que je te quitte?
(A part.) Je devrais déjà l'avoir fait.

DORANTE. — Attends, Lisette; je voulais moi-même te parler d'autre
chose; mais je ne sais plus ce que c'est...

SILVIA. — J'avais de mon côté quelque chose à te dire, mais tu m'as fait
perdre mes idées aussi, à moi.

DORANTE. — Je me rappelle de10 t'avoir demandé si ta maîtresse te
valait.

SILVIA.— Tu reviens à ton chemin par un détour: adieu.

DORANTE. — Eh! non, te dis-je, Lisette; il ne s'agit que de mon maître.

SILVIA. — Eh bien! soit: je voulais te parler de lui aussi, et j'espère que
tu voudras bien me dire confidemment ce qu'il est. Ton attachement pour
lui m'en donne bonne opinion: il faut qu'il ait du mérite, puisque tu le sers.

DORANTE. — Tu me permettras peut-être bien de te remercier de ce que
tu me dis là, par exemple?