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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 17 из 81)

«Les hommes seront toujours fous et ceux qui croient les guérir sont les
plus fous de la bande...» (...)

«Il y a une différence si immense entre celui qui a sa fortune faite et
celui qui doit la faire, que ce ne sont plus deux créatures de la même
espèce...»

On lit encore dans le Sottisier cette réflexion demeurée d'une si brûla'nte actualité:

« II n'y a point aujourd'hui de nation qui murmure plus que la française,
qui obéisse mieux et qui oublie plus vite*. »

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LÉON TREICH. L'Esprit français (1943)
Примечания:

1. Альфред фон Галлер (1708 - 1777) — швейцарский естествоиспытатель, врач,
поэт (писал на немецком языке). 2."Эдип", первая трагедия Вольтера (1718). 3. Бернар
Ле Бовье де Фонтенель (1657 - 1757) — французский писатель и популяризатор науки.
4. Ремон де Буажлен (1732 - 1804) — французский прелат. 5. Луиза, графиня Мэнская
(1676 - 1753) — супруга Лу Огюста, герцога Мэнского, побочного сына Людовика
XIV. В её салоне в замке Со собирались самые блистательные люди того времени.

Вопросы:

* Cherchez dans ces citations celles qui dénotent l'esprit de repartie; marquez les //oints
sur lesquels cet esprit s'exerce. Cherchez celles qui vont plus loin dans la connaissance
de l'homme; discutez-les.

MARCHE-A-TERRE, LE CHOUAN

Des hommes de l'ancienne France, le Chouan (nom donné aux insurgés roya-
listes de l'Ouest, en
1794) est un des plus représentatifs. H symbolise
l'attachement ancestral du terrien à la foi catholique et monarchiste, qu'il
défendit farouchement contre les «Bleus», c'est-à-dire les révolutionnaires.
Dans un de ses romans les plus célèbres, balzac a brossé, en la personne de
Marche-à-terre, un inoubliable portrait de Chouan.

Un officier républicain, Hulot, a été chargé d'enrôler des soldats enllle-et-
Vilaine. Il les a fait mettre en marche dans la direUion de Mayenne. Mail les
Jeunes recrues, peu enthousiastes, s'arrêtent souvent en chemin, et cette lenteur
provoque l'impatience de l'officier.

«Pourquoi diable ne viennent-ils pas? demanda-t-il pour la seconde fois
de sa voix grossie par les fatigues de la guerre. Se trouve-t-il dans le village
quelque bonne Vierge à laquelle ils donnent une poignée de main?

— Tu demandes pourquoi?» répondit une voix. En entendant des sons
qui semblaient venir de la corne avec laquelle les paysans de ces vallons
rassemblent leurs troupeaux, le commandant se retourna brusquement
comme s'il eût senti la pointe d'une épée, et vit à deux pas de lui un
personnage encore plus bizarre qu'aucun de ceux emmenés à Mayenne
pour servir la République. Cet inconnu, nomme trapu, large des épaules, lui
montrait une tête presque aussi grosse que celle d'un bœuf, avec laquelle

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elle avait plus d'une ressemblance. Des narines épaisses faisaient paraître
son nez encore plus court qu'il ne l'était. (...) Cette face, comme bronzée
par le soleil et dont les anguleux contours offraient une vague analogie
avec le granit qui forme le sol de ces contrées, était la seule partie visible
du corps de cet être singulier. A partir du cou, il était enveloppé d'un
sarrau, espèce de blouse en toile rousse plus grossière encore que celle des
pantalons des conscrits les moins fortunés. Ce sarrau, dans lequel un
antiquaire aurait reconnu la saye (saga) ou le sayon des Gaulois, finissait
à mi-corps, en se rattachant à deux fourreaux de peau de chèvre par des
morceaux de bois grossièAment travaillés et dont quelques-uns gardaient
leur écorce. Les peaux de bique, pour parler la langue du pays, qui lui
garnissaient les jambes et les cuisses, ne laissaient distinguer aucune forme
humaine. Des sabots énormes lui cachaient les pieds. Ses longs cheveux
luisants, semblables aux poils de ses peaux de chèvre, tombaient de chaque
côté de sa figure, séparés en deux parties égales, et pareils aux chevelures
de ces statues du Moyen Age qu'on voit encore dans quelques cathédrales
(...). Il tenait appuyé sur sa poitrine, en guise de fusil, un gros fouet dont le
cuir habilement tressé paraissait avoir une longueur double de celle des
fouets ordinaires*. La brusque apparition de cet être bizarre semblait facile
à expliquer. Au premier aspect, quelques officiers supposèrent que
l'inconnu était un réquisitionnaire ou conscrit (l'un se disait pour l'autre)
qui se repliait sur la colonne en la voyant arrêtée. Néanmoins, l'arrivée de
cet homme étonna singulièrement le commandant; s'il n'en parut pas le
moins du monde intimidé, son front toutefois devint soucieux; et, après
avoir toisé2 l'étranger, il répéta machinalement et comme occupé de
pensées sinistres: «Oui, pourquoi ne viennent-ils pas? le sais-tu, toi?

— C'est que, répondit le sombre interlocuteur avec un accent qui
prouvait une assez grande difficulté de parler français, c'est que là, dit il en
étendant sa rude et large main vers Ernée3 là est le Maine4, et là finit la
Bretagne.»

Puis il frappa fortement le sol en faisant tomber le pesant manche de
son fouet aux pieds mêmes du commandant (...). La grossièreté de cet
homme taillé comme à coups de hache, sa noueuse écorce, la stupide
ignorance gravée sur ses traits, en faisaient une sorte de demi-dieu barbare.
Пgardait une attitude prophétique et apparaissait là comme le génie même
de la Bretagne, qui se relevait d'un sommeil de trois années, pour
recommencer une guerre où la victoire ne se montra jamais sans de doubles
crêpes5.

«Voilà un joli coco6, dit Hulot en se parlant à lui-même. Il m'a l'air d'être

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l'ambassadeur de gens qui s'apprêtent à parlementer à coups de fusil. (...)
«D'où viens-tu?»

Son œil avide et perçant cherchait à deviner les secrets de ce visage
impénétrable qui, pendant cet intervalle, avait pris la niaise expression de
torpeur dont s'enveloppe un paysan au repos.

«Du pays des Gars1, répondit l'homme sans manifester aucun trouble.
— Ton nom? — Marche-à-terre.

— Pourquoi portes-tu, malgré la loi, ton surnom de Chouan8?» Marche-
à-terre, puisqu'il se donnait ce nom, regarda le commandant d'un air
d'imbécillité si profondément vraie, que le militaire crut n'avoir pas été
compris. «Fais-tu partie de la réquisition de Fougères?»

A cette demande, Marche-à-terre répondit par un de ces je ye sais pas,
dont l'inflexion désespérante arrête tout entretien. Il s'assit tranquillement
sur le bord du chemin, tira de son sarrau quelques morceaux d'une mince et
noire galette de sarrasin9, repas national dont les tristes délices ne peuvent
être comprises que des Bretons, et se mit à manger avec une indifférence
stupide**.

H. de balzac. Les Chouans (1820).
Примечания:

1. Военный плащ у галлов. 2. Смерив взглядом с головы до ног. 3. Небольшой го-
родок в департаменте Майен, близ которого остановилась колонна новобранцев.
4 Старинная провинция во Франции. 5. Не приводить к чрезмерным потерям с обеих
сторон. Креп — полоса черной ткани, которую носят в знак траура. 6. Подозритель-
ный тип, "гусь". 8. Diminutif populaire pour: garçons. 9. «Marche-a-terre » n'est qu'un
surnom de guerre. 10. Из гречихи. Полное название: le blé sarrasin или le blé noir, т.е.
сарацинское или черное зерно.

Вопросы:

* Etudiez l'art du portrait chez Balzac, d'après tout ce passage.

** Quelle idée l'écrivain semble-t-il se faire de la Bretagne et des Bretons dams cette
description?

MORT DE GAVROCHE

Nombreux sont les mouvements révolutionnaires qui ont secoué Paris, dans
la première moitié du XIX" siècle. Chaque fois et c'est là un fait remarquable
des barricades s'élevèrent dans les rues de la capitale.

L'émeute de 1832, que décrit VICTOR HUGO dans Les Misérables, peut être considérée
comme une des plus représentatives. Et Gavroche, le Sourire de Paris, créé, ou plutôt
animé par le génie du poète, demeure un type de la littérature française.

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Il rampait à plat ventre, galopait à quatre pattes, prenait son panier1 aux
dents, se tordait, glissait, ondulait, serpentait d'un mort à l'autre, et vidait la
giberne ou la cartouchière comme un singe ouvre une noix.

De la barricade, dont il était encore assez près, on n'osait lui crier de
revenir de peur d'appeler l'attention sur lui.

Sur un cadavre, qui était un caporal, il trouva une poire à poudre.

«Pour la soif»2, dit-il, en la mettant dans sa poche. A force d'aller en
avant, il parvint au point où le brouillard de la fusillade devenait
transparent.

Si bien que les tirailleurs de la ligne3 rangés et à l'affût derrière leur
levée de pavés, et les tirailleurs de la banlieue massés à l'angle de la rue, se
montrèrent soudainement quelque chose qui remuait dans la fumée.

Au moment où Gavroche débarrassait de ses cartouches un sergent
gisant près d'une borne, une balle frappa le cadavre. «Fichtre! fit Gavroche,
voilà qu'on me tue mes morts.» Une deuxième balle fit étinceler le pavé à
côté de lui. Une troisième renversa son panier. Gavroche regarda et vit que
cela venait de la banlieue .

Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les
hanches, l'œil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta:,

On est laid à Nanterre5. '

C'est la faute à Voltaire,
Et bête à Palaiseau5
C'est la faute à Rousseau6.

Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les
cartouches qui en étaient tombées, et avançant vers la fusillade, alla
dépouiller une autre giberne. Là une quatrième balle le manqua encore.
Gavroche chanta:

Je ne suis pas notaire,

C'est la faute à Voltaire,

Je suis petit oiseau,

C'est la faute à Rousseau.

Une cinquième balle ne réussit qu'à tirer de lui un troisième couplet:

Joie est mon caractère,
C'est la faute à Voltaire,
Misère est mon trousseau,
C'est la faute à Rousseau.

Cela continua ainsi quelque temps.

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Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait
la fusillade. Il avait l'air de s'amuser beaucoup. C'était le moineau
béquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On
le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les
soldats riaient en l'ajustant. Il se couchait, puis se redressait, s'effaçait dans
un coin de porte, puis bondissait, disparaissait, reparaissait, se sauvait.
revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les
cartouches, vidait les gibernes, et remplissait son panier. Les insurgés,
haletants d'anxiété, le suivaient des yeux. La barricade tremblait, lui.
chantait. Ce n'était pas un enfant, ce n'était pas un homme; c'était un
étrange gamin-fée. On eût dit le nain invulnérable de la mêlée. Les balles
couraient après lui, il était plus leste qu'elles. Il jouait on ne sait quel
effrayant jeu de cache-cache avec la mort; chaque fois que la face camarde7
du spectre s'approchait, le gamin lui donnait une pichenette8.

Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître9 que les autres, finit
par atteindre l'enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il
s'affaissa. Toute la barricade poussa un cri; mais il y avait de l'Antée dans
ce pygmée"; pour le gamin, toucher le pavé, c'est comme pour le géant
toucher la terre; Gavroche n'était tombé que pour se redresser; il resta assis
sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras
en l'air, regarda du côté d'où était venu le coup, et se mit à chanter:

Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à...

Il n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l'arrêta court. Cette
fois il s'abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande
âme venait de s'envoler*.

VICTOR HUGO. Les Misérables (1862).

Примечания:

1. Корзинка, в которую Гаврош собирал патроны с убитых солдат, чтобы отнести
их повстанцам на баррикаде. 2. Намек на французскую пословицу: garder une foire
pour la soif, т.е. про запас, на черный день. 3. Линейной (тяжелой) пехоты. 4. То есть
со стороны солдат, подошедших из предместья. 5. Городки в предместьях Парижа.

6. Великие философы XVIIIв. Вольтер и Руссо были яростными противниками

7. Безносое лицо. Имеется в виду череп, олицетворяющий смерть или Безносую.

8.Щелчок. 9. Aujourd'hui, on dirait plutôt traîtresse. 10. В греческой мифологии титан Антей,
сын Земли, прикасаясь к земле, обретал силы. 11. Пигмеи — низкорослыеплемена.

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Вопросы:

* Montrez que l'étroite et naturelle association du plaisant et du pathétique est undes
. éléments caractéristiques de ce récit.

TARTARIN DE TARASCON1

ALPHONSE DAUDET, Provençal d'adoption, n'a 'peut-être pas beaucoup flatté
ses compatriotes en créant l'immortel Tartarin de Tarascon. Mais il l'a fait
avec cette gentillesse, cette absence de méchanceté propre aux gens du Midi,
qui savent comprendre la plaisanterie et distinguer le mensonge de la
savoureuse «galéjade».